Clôtures et espaces blancs
Dans La Clôture, l’écrivain Jean Rolin entreprenait d’explorer le boulevard Ney à la fin du 20e siècle, en gardant toujours en vue la tour de la porte de la Villette, alors surmontée d’une enseigne Daewoo. La clôture c’était à la fois cette rue de la Clôture, à la lisière de Pantin, et cette clôture de Paris matérialisée par le périphérique, le boulevard des maréchaux et la petite ceinture ferroviaire. Aujourd’hui, suivre le même itinéraire ferait faire au promeneur un tout autre voyage. Car cette zone fait partie du plus vaste projet d’aménagement parisien actuel, baptisé Paris-Nord-Est, 600 hectares situés entre la Gare de l’Est, la porte de Saint-Ouen et la porte de Pantin. En vingt ans, les évolutions sont nombreuses. Des zones jusqu’alors non répertoriées sur les cartes, qualifiées d’« espaces blancs » par l’auteur Philippe Vasset, se bâtissent à vue d’œil. Si quelques repères demeurent, comme les tours Tétris de l’ensemble Curial-Cambrai ou celles qui marquent les portes de Paris, l’espace y est transfiguré par une série de zones d’aménagement concerté (ZAC).
La mue est déjà bien entamée côté 19e, où ont émergé de nouveaux quartiers comme Rosa Parks, en bordure de petite ceinture, juxtaposition de bâtiments disparates aux façades insolites, certaines en forme de trèfles. Au nord de cette nouvelle gare de la ligne Éole, on est frappé par la reconfiguration complète du boulevard Macdonald (ZAC Claude Bernard), l’aménagement d’allées parallèles en « forêt linéaire » et l’apparition d’un multiplex, là où les prostituées et leurs souteneurs occupaient un terrain vague bordant les entrepôts Macdonald, d’ailleurs entièrement remodelés. Après qu’une partie du nord-ouest du 19e a été réhabilitée, c’est au tour du 18e.
Écoquartiers, ZAC, espaces ferroviaires
La carte de ces projets peut être consultée sur le site de Réinventons Paris. Le secteur de la Goutte d’or en fait partie, tandis que les anciens entrepôts de la Halle Pajol se sont déjà transformés en un ensemble architectural et végétal incluant une auberge de jeunesse, une bibliothèque ou deux bars-restaurants, face au Shakirail, friche occupée par un collectif d’artistes. Nombreux sont les chantiers en cours ou à venir : à la limite de Saint-Ouen et Saint-Denis se dessinent les secteurs Chapelle Condorcet et Gare des mines qui accueille la Station, un lieu transitoire géré par le collectif MU. La porte de la Villette sera transformée en une « place du Grand Paris », cette mutation urbaine s’articulant avec la plaine Saint-Denis où a émergé le nouveau quartier Front Populaire, Aubervilliers qui verra naître le campus Condorcet, 6,5 hectares dédiés à la recherche, et maintenant Pantin, autour de la Cité fertile, un entrepôt prêté par la SNCF dans une zone dont la ville veut faire un écoquartier.
Le promoteur Linkcity, qui travaille en collaboration avec Bouygues construction, va remodeler le boulevard Ney après le boulevard Macdonald, et créer un « îlot fertile », autoproclamé premier quartier zéro carbone parisien, sur le triangle adossé à la rue d’Aubervilliers et aux voies ferrées. Cet ensemble posé sur une dalle fera face aux entrepôts de Cap 18, lesquels seront rasés et en partie déplacés sur la Chapelle Charbon, espace de voies multiples bientôt remplacé par un parc. A peine au sud, l’îlot Hébert, après avoir accueilli une friche transitoire dédiée au street art, l’Aérosol, va se transformer en nouveau quartier mixte. Les démolitions des halles existantes débuteront en 2019 et les premiers travaux d’aménagement seront lancés courant 2020.
Le plus grand chantier de Paris
Enfin, Chapelle International est actuellement le plus grand chantier de Paris. Aménagé par Espaces Ferroviaires, la filiale du groupe SNCF spécialisée en aménagement urbain et promotion immobilière, il s’agit d’un site de 7 hectares d’une ancienne gare de marchandise, à quelques dizaines de mètres de la porte de la Chapelle et de cette « colline à crack » qui fait polémique, où les migrants rejoignent les toxicomanes dans les boucles de l’échangeur. La mairie du 18e et Espaces Ferroviaires font un appel à participation pour nommer les rues de ce futur quartier où œuvrent les grues. « Cela va changer l’image du boulevard Ney, explique Fadia Karam, directrice générale d’Espaces Ferroviaires et directrice du développement de SNCF Immobilier, en reconfigurant la porte de Paris en ce lieu ». Les travaux de franchissement de la petite ceinture viennent d’être achevés, permettant de désenclaver Chapelle International vers le tramway et le métro. En revanche, peu de passages sont aménagés dans la rue Marx Dormoy.
Le projet Chapelle International
Entretien avec Fadia Karam, DG d’Espaces Ferroviaires et directrice du développement de SNCF Immobilier.
« L’implantation exceptionnelle d’une activité logistique dans un projet urbain »
Qu’est-ce que le Projet d’urbanisme transitoire de SNCF Immobilier ?
C’est un de nos projets lancé pour permettre l’intégration dans les territoires des fonciers qui n’ont plus d’utilité pour le groupe, avec une appropriation par le grand public de ces lieux qui parfois comportent des patrimoines intéressants pour la reconversion et les usages urbains. C’est une démarche à deux échelles : d’une part, durant cette durée de dialogue avec les bailleurs, l’État ou les collectivités locales, on crée dans ces lieux une animation culturelle, sociale, qui permet un premier ancrage. Il y a aussi des démarches plus restreintes sur des patrimoines en commun dans la France entière, en rapport avec les collectivités.
Chapelle International représente 7 hectares en reconversion. Quel était ce site avant le projet actuel ?
C’était un site ferroviaire, comme tous ses voisins, une gare de marchandise. Avec l’arrêt de l’activité ferroviaire, il est devenu un lieu de stockage en 1980 pour les établissements de boisson Tafanel. Par la suite, le site a été intégré dans le grand projet de renouvellement urbain Paris Nord-Est, ce qui a abouti en 2008 au lancement de projet urbain Chapelle International, avec engagement de consultation et l’équipe de L’AUC a été retenue comme maître d’œuvre. Espaces Ferroviaires, aménageur de l’opération, a acheté le foncier et procédé aux remembrements nécessaires en accord avec la ville de Paris. La démolition a débuté en 2014, les travaux d’aménagement en 2015, et la commercialisation de logements a commencé. On y trouvera, entre autres 45 000 mètres carrés de logistique urbaine, 35 000 mètres carrés de bureaux, des espaces dédiés à des artisans et PME, 56 000 mètres carrés de logements, une résidence jeune travailleurs, une résidence étudiante, un groupe scolaire et une crèche.
Vous parlez pour ce projet de « cohabitation du fer et du vert »…
On a effectivement une implantation exceptionnelle d’une activité logistique dans un projet urbain, une halle de plus de 400 mètres de long complètement embranchée au fer et intégrée dans la ville, dans un quartier émaillé d’espace verts, avec, en toiture, 7 000 mètres carrés d’agriculture urbaine et 3 000 mètres carrés de terrains de sport. C’est la force du projet, en pleine métropole, d’arriver à réunir toutes ces fonctions d’habiter et de travailler, pour des grandes et petites entreprises, avec du logement pour tous, de l’activité logistique, de l’agriculture urbaine et des espaces verts.
L’Urbanisme transitoire, une notion en débat
« Le 10e est un quartier de poètes et de locomotives », écrivait Léon-Paul Fargues dans Le Piéton de Paris en songeant à la juxtaposition des deux gares du Nord et de l’Est. Le 18e est un quartier de terrains vagues et d’artistes, pourrait-on dire, où se prolongent au nord ces voies ferrées entre lesquelles se déploient des « zones blanches » invisibles sur les plans de Paris. Ces espaces ferroviaires ou industriels, dépôts, friches sont occupés temporairement par des collectifs d’artistes ou des associations avec l’accord de la SNCF : actuellement le Shakirail rue Riquet, la Gare des Mines derrière la porte d’Aubervilliers et, par le passé, Grand Train rue Ordener ou l’Aérosol dans la halle Hébert.
De la Tour Paris 13 aux friches actuelles
Impossible d’évoquer la reconfiguration du 18e sans parler de l’urbanisme transitoire. Dans cette perspective, les squats d’artistes se muent en projets encadrés par des collectivités territoriales et des propriétaires comme la SNCF, dont la démarche est inspirée de l’opération « Tour Paris 13 ». En 2013, une tour était livrée par ICF Habitat La Sablière, bailleur de SNCF, à une centaine d’artistes durant le temps précédant sa démolition. L’initiative en revenait à la galerie Itinerrance. Vu le succès rencontré, la SNCF décide de lancer une série de démarches d’ « urbanisme transitoire ». Parallèlement, SNCF Immobilier est créée en 2015 pour rassembler la gestion et l’optimisation du patrimoine foncier du groupe, 2e propriétaire en France après l’État, avec 8,5 millions de mètres carrés de bureaux et 25 000 bâtiments. Elle gère tous les bâtiments industriels et tertiaires, sauf les gares, les voies et les caténaires. Au printemps 2015, Ground Control, avec Allo la Lune, ouvre ses portes pour une durée de quatre mois rue Ordener. Quelques mois plus tard, le lieu se rebaptise Grand Train et accueille une exposition de matériel roulant ferroviaire, avant de déménager rue du Charolais, dans le 12e arrondissement, en occupant des locaux adjacents à la gare de Lyon sous l’appellation initiale de Ground Control. « Quand le groupe public ferroviaire n’a plus l’utilité d’un site, il le cède aux collectivités ou à son aménageur Espaces Ferroviaires pour réaliser un projet urbain, c’est-à-dire un nouveau quartier », explique Pascal Travers, responsable communication de SNCF Immobilier.
Le gardiennage, 600 000 euros à l’année
En 2015, SNCF Immobilier lance une série d’appels à manifestations d’intérêt sur des sites qu’elle n’exploite plus, halles marchandises, halles SERNAM, entrepôts. Ainsi voient le jour dans le 18e La Station Gare des Mines, puis l’Aérosol, projets copilotés avec la SNCF. Le dernier en date, la Cité fertile à Pantin, propose des espaces ouverts à l’économie sociale et solidaire, dans la perspective d’une « ville innovante ou créative », selon une terminologie dans l’air du temps. « L’urbanisme transitoire a un rôle de révélation et de transformation d’un quartier. On essaie, autant que possible, d’avoir un exploitant dont le projet va s’inscrire dans le futur quartier », poursuit Pascal Travers. Pour autant, la Cité Fertile peut donner l’impression de ne pas trop s’intégrer à son environnement immédiat, avec des tarifs élevés et l’absence d’un plan qui expliquerait aux visiteurs où ils se trouvent.
Du point de vue de la SNCF, cette période qui suit l’exploitation ferroviaire et précède le démarrage de la phase projet est le point de départ de la transformation du site. Il s’agit de le faire connaître aux riverains et de l’exploiter sous forme artistique ou culturelle, de manière à en préparer l’avenir : soit, en général un projet immobilier associant des logements et des bureaux. Cela permet aussi de réaliser des économies sur le gardiennage ou l’entretien. « Le gardiennage, c’est 600 000 euros à l’année », précise Kevin Ringeval de l’Aérosol, ce que modère Pascal Travers. « Au global de chacune des opérations, on ne gagne pas d’argent, on n’en perd pas, on doit être à l’équilibre. Ça fait partie du tout, mais l’essentiel est d’avoir un site occupé, de le faire découvrir et de permettre de nourrir un dialogue avec la collectivité et les riverains. Pour moi, l’urbanisme transitoire c’est une réflexion sur le sens de ce qu’est la ville. »
Gentrification et branchitude ?
Le Shakirail est un cas particulier : sa convention, qui existe depuis 2011, est antérieure à la création de SNCF Immobilier. Dans le documentaire ZAC comme Zones d’Autonomie Conventionnée, tourné par le Collectif Variable au printemps 2013, les membres du Shakirail sont filmés aux côtés de leurs homologues du quartier La Chapelle : le Jardin d’Alice, Ecobox, le jardin partagé du Bois Dormoy, Arrière-Cour 93 et le Théâtre de Verre. Ethno-urbaniste et coordinatrice de l’association Graine de Jardins, Laurence Baudelet y explique le processus de l’urbanisme transitoire avant son succès actuel : « Pour pouvoir trouver du foncier dans Paris, l’une des réponses est de trouver des terrains constructibles sur lesquels il y a des opérations d’urbanisme déjà votées, au moment où la mairie d’arrondissement propose le terrain à une association, qui signe une convention (…), sachant qu’à un moment ou un autre le jardin va laisser la place à un équipement. »
Le sujet fait aujourd’hui polémique, comme en témoignent l’article d’Antoine Calvino dans Le Monde Diplomatique et celui de Mickaël Correia dans La Revue du crieur dont le sous-titre donne le ton : « Un peu partout en France, des espaces qui faisaient auparavant l’objet d’occupations illégales sont aujourd’hui convertis en lieux culturels « engagés », « branchés » et « créatifs » par une poignée d’entrepreneurs ambitieux qui entendent revaloriser des quartiers dépréciés. Mais cette « valorisation » semble avant tout financière – et profiter essentiellement aux investisseurs privés qui avancent main dans la main avec les acteurs publics. » Quant au premier, il déplore un « nouvel outil de gentrification enveloppé dans un commode emballage de valeurs culturelles, écologiques et solidaires à la mode » permettant à des brasseurs de faire du chiffre à bon compte.
Friches commerciales ou artistiques ?
Juliette Pinard, doctorante en urbanisme sur les projets d’occupation temporaire, nuance ce point de vue : « Effectivement, il y a les friches sur lesquelles on trouve une dimension plus commerciale avec une grande partie des activités dévolues à des fonctions marchandes, comme Ground Control. Face à cela, d’autres lieux sont plus orientés sur une activité artistique, comme le Shakiral et la Station Gare des Mines. Les deux ne sont pas forcément à opposer. Bien sûr, les lieux de création artistique sont utiles aux artistes dans une situation de précarité. Certes, au 88 Ménilmontant, une occupation marchande a remplacé un squat, mais Ground Control occupe une friche SNCF qui venait d’être libérée, dont la surface était si grande et nécessitait tant de travaux que les coûts d’occupation pour un collectif d’artistes auraient été impossibles à assumer. » Par ailleurs, assure-t-elle, « la vente de bière représente actuellement le modèle économique dominant pour financer ces lieux ouverts au public, nécessitant d’importants travaux de mise aux normes et souvent financés sur fonds propres ».
Alors oui, beaucoup de squats ont laissé place à des friches transitoires où des collectifs signent des conventions d’occupation avec des propriétaires fonciers comme la SNCF ou la Ville de Paris. Mais quel meilleur usage pourrait-on faire de ces espaces désormais accessibles au grand public ?
Kevin Ringeval, codirecteur de la société Polybrid et responsable de l’Aérosol (fermé fin octobre 2018) :
« L’Aérosol était un lieu dédié aux cultures urbaines, avec un musée en son centre contenant 300 œuvres majeures prêtées par des collectionneurs privés, un magasin où l’on vendait des bombes de peinture et des murs accessibles aux artistes et à tout un chacun. Nous avions une programmation musicale 4 jours par semaine, hip-hop, danse, musiques électroniques, des rendez-vous dédiés à la glisse chaque vendredi soir où les gens venaient danser en rollers. Il y avait aussi des pratiques sportives : on avait installé des ateliers de workout sur le quai, du parkour, un skatepark pendant un mois. Enfin, une grosse programmation était dédiée à la street food et 50 camions sont venus offrir un panel de bouffe du monde.
Le projet s’est monté très rapidement en 2017 : en février la SNCF décide de monter un appel à projet autour de la halle Hébert, pour occuper le lieu durant trois mois de manière créative et artistique. Nous avons rendu notre copie début avril, notre projet lié à la street culture a été retenu. Comme on vient de l’éducation populaire, le projet était simple : créer un espace librement accessible aux gens du coin, pour se nourrir de culture et voir des expos, le moins cher possible ou gratuitement. Par ailleurs, ça faisait sens, car ce quartier est lié à l’histoire du hip-hop, à côté de l’ancien terrain vague de la Chapelle. On a eu les clés fin juin et on a ouvert le 2 août. On a eu un mois pour le fabriquer, le mettre aux normes. Comme j’ai fait partie de l’équipe qui a monté La Caserne (Cergy-Pontoise) et le Point Éphémère, on avait une certaine expérience, mais on ne savait pas trop où on allait. Et finalement, on a accueilli 1500 personnes par jour sur le site et 300 000 personnes en un an. Il y a eu un engouement dingue pour le projet et les gens se le sont approprié. »
Vincent Prieur, cofondateur de l’association Curry Vavart et du Shakirail :
« Je suis plasticien et engagé dans des projets associatifs artistiques depuis une douzaine d’années avec l’association Curry Vavart. A l’époque où l’on a fondé à sept l’association, on n’avait pas d’autres modes d’action que d’occuper des parcelles sans droit ni titre. On était issus d’une scène squat parisienne qui gravitait autour du Théâtre de Verre. Jusqu’en 2010, on a occupé des squats à Montrouge, dans le 20e ou le 11e – dans ce qui allait devenir le futur Atelier des Lumières. En 2011, on a eu une double opportunité : la convention d’occupation temporaire au 72 rue Riquet avec la SNCF, pour créer le Shakirail sur un ancien vestiaire de cheminots désaffecté depuis moins d’un an, et un lieu temporaire avec la ville de Paris dans le 20e quelques mois plus tard. À cette époque on menait des projets associatifs avec un cheminot et on était déjà reconnus comme un soutien à la création émergente.
Notre particularité c’est que le Shakirail préexiste au programme de friches culturelles SNCF. L’association a un parcours militant, on revendique des espaces de travail et de diffusion accessibles aux artistes et aux associations. Pour nous, ça fait sens dans les grosses métropoles où il y a une problématique de foncier inaccessible. On défend des espaces partagés, solidaires, avec une mutualisation d’outils, de savoir, d’énergies pour soutenir les productions artistiques et associatives venant des plus précaires. On essaie de créer des points de rencontre et de travail avec le quartier, comme des clubs de prévention, on prépare des interventions en pieds d’immeubles, ateliers d’arts plastique et d’art du spectacle avec des bailleurs sociaux. »
Olivier Le Gal, cofondateur du collectif MU et responsable de la Station Gare des Mines.
« Le jour, la Gare des Mines est un lieu de résidence d’artistes qui accueille une vingtaine de personnes. Outre les membres du collectif MU, il y a 4 collectifs résidents : Atelier Craft qui a conçu la scénographie de la Station, où ils ont leur atelier et bureaux, le collectif Hydropathes, un label et organisateur de soirée et Brut pop, qui propose un travail avec des personnes en situation de handicap sur le SonicLab, lieu de bidouille électronique qui permet de fabriquer des instruments DIY pour créer de petits spectacles. Enfin, trois coordinateurs bénévoles s’occupent de notre radio, Station Station. Quant aux soirées, elles sont gérées par la douzaine de personnes du collectif MU, vendredi et samedi en hiver, du jeudi au dimanche en été.
En 2015, la SNCF a lancé un appel à manifestations d’intérêt sur 16 sites dans toute la France qui a suscité une centaine de projets. On s’est positionné sur la Gare des Mines et notre projet a été sélectionné pour six mois, de mai à octobre 2016. Comme cela s’est bien passé, avec une fréquentation de 35 000 personnes en 5 mois, on a pu signer un autre contrat avec la SNCF, sur une période d’occupation plus longue. Ainsi on a pu faire des travaux pour investir les espaces intérieurs, avec des financements de la région. En novembre 2017, on a ouvert les intérieurs et le lieu accueille plus de 70 000 personnes par an. Maintenant nous avons deux scènes en extérieur et deux scènes à l’intérieur, mais nous devons hélas quitter les lieux dans un an.
Notre projet est dédié aux scènes musicales émergentes, pas uniquement électro. Une personne responsable des actions culturelles développe des ateliers avec la cité Charles Hermite, coincée entre les maréchaux et le périphérique, ce qu’on avait déjà fait dans des écoles à l’époque où le Garage MU était installé à la Goutte d’or. On a aussi travaillé avec la bibliothèque Vaclav Havel à la Halle Pajol, sur la mémoire de ce quartier cheminot. »
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