Le bar des Nautes, ex-maison des Célestins
Du port aux pavés au quai des Célestins, histoire d’un ancien port de marchandises devenu promenade romantique.
A force de références littéraires, picturales ou cinématographiques, les quais de la Seine sont devenus un lieu emblématique du romantisme international, une promenade où il fait bon flâner, au crépuscule, et s’embrasser à l’ombre d’un pont.
Entre le pont de Sully et le pont Marie, en regardant vers l’aval, la Seine forme un coude dans le creux duquel se dresse un ancien bâtiment fluvial, la maison des Célestins. A l’origine en 1837, lors des travaux d’aménagement de la Seine, c’est un corps de garde (un poste de police) érigé par Antoine-Marie Peyre, comme l’explique un article détaillé du site Rue Beautreillis. Utilisé en partie par le service municipal de la navigation, il a ensuite longtemps été laissé à l’abandon, avant d’être géré en 2011 par Ports de Paris. C’est désormais un spot branché baptisé Les Nautes, en mémoire de cette confrérie de bateliers dont le musée de Cluny abrite un vestige : le pilier des Nautes, érigé en hommage à Jupiter. Les pieds dans l’eau, regard perdu sur l’île Saint-Louis, les Parisiens viennent ici siroter un verre.
Quel contraste entre cette activité de loisirs et l’histoire de ce port qui permettait d’acheminer à Paris denrées et marchandises : vins, épices, et surtout les pierres de grès de Fontainebleau destinées à paver la capitale ! C’était aussi une escale pour les coches d’eau, ces navettes transportant des voyageurs.
En 1905, l’ancien « port aux Pavés » est rebaptisé « quai des Célestins », du nom d’un couvent tout proche, aujourd’hui remplacé par la caserne abritant l’état-major de la Garde Républicaine. En 1967, une partie du port est transformée en une portion de la voie Georges-Pompidou, qui deviendra piétonne en 2016. Ainsi, les touristes et les amoureux peuvent-ils marcher au fil de l’eau, de pont de pont, et goûter l’agrément d’un coucher de soleil dans l’ancienne cité des Nautes.
Le nouveau corps de garde construit en 1837 devait abriter un poste de police pour le quartier et des services administratifs liés à l’activité du port et au commerce fluvial. Surveillance policière et contrôle économique et fiscal pouvaient ainsi s’appuyer l’un l’autre. La fermeture du poste de police en 1963 coïncide avec celle du port provoquée par le début de la construction de la voie Georges Pompidou, ouverte en 1967.
Quant à Corps-de-garde ou Corps de garde… Eh bien je vous suis et deviens moderne en abandonnant des tirets dont mes sources du XIXe siècle, que j’aime suivre, usaient encore.
Bien à vous
Merci encore pour ces nouvelles précisions !
Bonjour,
J’ai découvert votre site et j’apprécie beaucoup le travail de comparaison et de mise en perspective que vous présentez.
Comme vous, je travaille à la redécouverte du Paris d’avant, mais en me limitant au quartier de l’Arsenal et de Saint-Paul, dans le 4e arrondissement. Je présente mes travaux et le résultat de mes recherches sur un site, https://ruebeautreillis.blog/
S’agissant de votre page sur la maison des Célestins, je me me permets de vous proposer ce lien vers l’article que j’ai écrit à son sujet l’an dernier. Vous verrez notamment que sa construction est plus ancienne que celle habituellement signalée.
Je vous souhaite bonne continuation dans vos travaux.
Bien cordialement.
Gaspard Landau
https://ruebeautreillis.blog/2021/11/18/histoires-de-quartier-la-maison-des-celestins-ancien-corps-de-garde-du-port-saint-paul/#more-1838
Cher Gaspard Landau,
Merci beaucoup pour ce commentaire, ainsi que pour l’extrême précision et la grande qualité de votre article, tout à fait détaillé et agréable à lire, comme le reste de votre site.
Une ultime précision peut-être : après avoir été un corps de garde (que j’écrirai sans tirets pour moderniser la graphie de l’Académie en 1694), le bâtiment a-t-il effectivement servi au service municipal de la navigation ?
Bien à vous,
J. Barret.