Une performance de danse collective au château de Vincennes
Le festival Monuments en mouvement anime durant toute l’année des lieux patrimoniaux avec des créations de danse et de cirque. Ainsi, vendredi 22 juin à 20h, 200 spectateurs pénétraient dans l’enceinte du château de Vincennes pour assister et participer à la performance Turbulences de Tatiana Julien, sur une musique d’Alex Rigaud.
Publié le 24 juillet 2018
Un spectacle « immersif »
Ce n’est pas tous les jours qu’on peut entrer et déambuler librement dans un monument historique médiéval, en l’occurrence le château de Vincennes. Vendredi 22 juin à 20h, un peu avant le coucher du soleil, le pont levis est baissé et les portes s’ouvrent pour laisser pénétrer dans l’enceinte du château les 200 spectateurs de la performance Turbulences de Tatiana Julien sur une musique d’Alex Rigaud. La chorégraphe avait déjà créé au musée du Louvre en mars 2016 une performance avec 10 amateurs et 4 autres danseurs professionels.
Ce spectacle « immersif » au casque s’inscrit dans la 4e édition du festival Monuments en mouvement qui consiste depuis 2015 à faire redécouvrir des lieux patrimoniaux en y produisant des créations de danse et de cirque. Entre février et octobre 2018, 19 performances artistiques ont ainsi lieu dans 17 monuments comme l’Hôtel de Sully ou le Château d’If.
Atmosphère onirique au donjon
L’air est doux et la lumière tamisée en cette soirée parisienne estivale, lorsqu’on est accueilli avec une tendresse cérémonieuse par les équipes de la compagnie C’Interscribo. Nous avons franchi l’entrée principale, avancé dans la cour, aperçu la Sainte-Chapelle où se déroulera la fin du concert. Alors nous pénétrons dans le donjon où les spectateurs déposent leurs affaires au vestiaire avant de se voir remettre des audioguides. C’est dans l’espace du donjon que se déroule la performance immersive avec casque, dont un comédien explique le déroulement : chacun peut marcher où il le souhaite dans la cour du donjon, la terrasse, les galeries et quelques salles.
L’audioguide conçu par Augustin Muller s’inspire de plusieurs textes, Isadora Duncan, Marguerite Duras ou Albert Camus, compilant également des critiques de danse ou un manuel de sophrologie. Il s’agit de plonger l’auditeur spectateur dans une atmosphère onirique qui favorise sa disponibilité d’esprit. Dans la cour du château, au balcon, sur la terrasse ou dans des salles évoluent des danseurs. On en compte sept ou huit qui, plus tard, seront rejoints d’une quarantaine de bénévoles qui finiront par se confondre avec eux.
Danse électro dans la chapelle
Quelque chose opère dans cette déambulation libre qui met en valeur la beauté du château au moment précis où le soleil se couche. Les visiteurs forment un ballet involontaire, des silhouettes apparaissent dans l’embrasure d’une fenêtre, la lumière éclaire la pierre, un couple est au balcon du donjon. Les danseurs évoluent partout, plus ou moins cachés dans des recoins du château. A l’issue de la partie au casque, tout le monde se retrouve pour une performance dansée dans la Sainte-Chapelle où Alex Rigaud joue sa musique électro. Alors les visiteurs n’ont d’autre choix que de se laisser envahir par la transe des danseurs qui les prennent par la main et ils deviennent eux-mêmes les acteurs de la performance.
L’intérêt de cette performance, au-delà du lieu qui rend l’expérience incroyable, c’est la façon dont la compagnie – avec ses 40 bénévoles – parvient à faire évoluer une performance déambulatoire audioguidée vers ce qu’elle appelle un « concert dansé immersif », lequel se transforme lui-même en un début de soirée électro. En quittant la cour du château enveloppée par la nuit, un peu avant que la musique ne s’éteigne, on a le cœur léger, c’est le début de l’été.
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