Montmartre compte certes de nombreux cabarets où l’on dîne devant un spectacle, mais la butte et ses environs regorgent aussi de théâtres dédiés à l’humour. One-man-shows, comédies et scènes ouvertes s’y jouent dans des salles plus ou moins intimistes, à l’ambiance toujours chaleureuse.
Si, à l’origine, le café-théâtre désigne un café accueillant des spectacles, il renvoie aujourd’hui à un type de théâtre privilégiant la proximité avec le public. C’est là que se produisent des spectacles d’humour, comédies à petit budget ou one-man-shows, dans des conditions initialement précaires mais qui s’améliorent avec le temps, à l’image du nouveau Funambule, entièrement refait en 2016. On n’évoquera donc ni les théâtres subventionnés ni ces cabarets que Montmartre a vu éclore depuis la fin du 19e siècle avec le Moulin rouge et consorts, tout comme les dîners spectacles de type Michou. Petit tour d’horizon des lieux où se produit l’humour d’aujourd’hui, dans le 18e arrondissement. Ça se passe à Montmartre, bien sûr, mais aussi de part et d’autre de la butte, de la place Blanche à la porte des Poissonniers.
LES THÉÂTRES DE POCHE
Au petit théâtre du bonheur
Image emblématique de ces scènes pittoresques, le Petit théâtre du bonheur, minuscule alcôve coincée dans un escalier qui mène au Sacré Cœur, semble toujours prêt à vous accueillir. On y sirote un verre en discutant avec les âmes vivantes du quartier, à moins d’y découvrir un concert de chanson réaliste ou un bœuf plein de bonne humeur.
L’association à l’initiative du lieu favorise les rencontres entre artistes et public. Une vingtaine de places permettent aux spectateurs de devenir les complices privilégiés des artistes mis en lumière. Venez vérifier, vous serez accueilli chaleureusement et n’en sortirez pas sans vous faire quelques souvenirs !
Un exemple de spectacle : le Cabaret Voltaire, une scène ouverte qui accueille des artistes de toutes les disciplines. Chanson, musique, comédie, théâtre, poésie, slam, improvisation… Comme souvent, l’entrée est libre et la contribution au chapeau !
6 rue Drevet (entrée par les escaliers)
09 54 48 44 83
www.petittheatredubonheur.com
Le théâtre Pixel
En 2014, Sylvain Mely et Hussny Hassan ont repris le théâtre fondé il y a 15 ans par Joël Amanieux, toujours propriétaire des murs mais parti faire du vin dans la région bordelaise. Auparavant, l’enseigne du 18 rue Championnet, à deux pas de la porte des Poissoniers, accueillait un garage à motos Harley Davidson dont la façade bleue a été repeinte en rouge.
Le Pixel est à proprement parler un théâtre de poche. 38 places sur des banquettes rouges, une grande scène et des loges qui ont la particularité d’être situées en sous-sol, sur toute la longueur de la salle. On y a accède par une trappe commandée par une télécommande.
Sylvain Mély insiste sur le caractère éclectique de la programmation, qui s’adresse à un public âgé « de 3 mois à 115 ans », avec de la comédie, du théâtre, du one-man show, du mentalisme et de la musique. On y propose aussi des cours : quatre ateliers de théâtre pour enfants et un pour adultes.
18 rue Championnet
01 42 54 00 92
theatrepixel.fr
Le Tremplin théâtre
Inauguré en 1990 à l’initiative des mimes Pinok et Matho dans la pittoresque rue des Trois frères, le Tremplin théâtre se veut un lieu convivial, indépendant, ouvert aux créateurs qui souhaitent se produire sur scène. En somme, un tremplin au service de nouvelles écritures dans tous les domaines du spectacle : théâtre, mime, poésie, danse, musique, chanson française… Devant la scène de 17 m2 se déploient 50 places assises sur des chaises pliantes et quelques bancs de bois en gradins.
En 1992, Catherine Larousse a rejoint l’équipe de la direction. Dans les années 1998-99, l’équipe a répondu à la demande de quelques enseignants en instaurant « le civisme en chansons » avec des classes REP, ainsi que des ateliers d’expression vocale et corporelle pour adolescents. En outre, le projet RELIEF vise à mieux insérer les adultes en difficulté socioprofessionnelle par le biais de séances d’expression théâtrale sur le monde du travail.
39 rue des Trois Frères
01 42 54 91 00
www.tremplintheatre.fr
L’Atelier théâtre de Montmartre
L’Atelier théâtre de Montmartre joue un peu hors catégorie. Contrairement à son nom, ce n’est pas un atelier ou un cours de théâtre, pas plus qu’un café-théâtre, puisque la programmation y est assez classique. Michèle Tollemer, qui dirige le lieu, l’inscrit dans l’histoire du quartier : « Mon théâtre est au cœur de Montmartre, le Montmartre de Bruant, de Prévert, de Dunay, à cent mètres du Moulin Rouge ».
Ancienne directrice de casting, elle a repris le lieu en avril 2002 avec le désir de partager ses coups de cœur, car « si l’on n’est pas égoïste, on ne peut pas aimer les autres ». Elle veut donc promouvoir de jeunes comédiens qui ont du talent mais pas de relations, vu qu’« il est difficile de débuter quand vous n’êtes pas l’enfant d’une célébrité ».
En outre, elle a un projet fou : « faire un échange entre les petites salles de Montmartre et celles de New York » ! Et de conclure : « Il faut croire en ses rêves, ils se réalisent ! »
7 rue Coustou
01 46 06 53 20
www.ateliertheatredemontmartre.com
LES TEMPLES DE L’HUMOUR
Le théâtre de Dix Heures
Le théâtre de Dix heures a une historie longue et chargée, qui raconte le Montmartre de la fin du 19e. Ouvert en 1890 sous le nom de Cabaret des Arts, il est rebaptisé en 1904 Logiz de la Lune Rousse, avant d’être transféré rue Victor-Massé en 1925 et repris par Roger Ferréol qui en fait le théâtre de Dix Heures. Ce nom étrange est un clin d’oeil au roman de Georges Courteline, Les Linottes (1912), qui prédisait le succès à celui qui fonderait un théâtre de Dix heures. En 1939, Ferréol vend le théâtre à Raoul Arnaud qui accueille des artistes comme Noël-Noël, Dalio, Saint-Granier, Marguerite Moreno ou Jeanne Fusier-Gir.
Au début des années 1980, le Dix Heures s’oriente vers le café-théâtre sous la direction de Michel Galabru et de son fils. On y voit par exemple Maman ou Donne-moi ton linge, j’fais une machine de Didier Bénureau et Muriel Robin. Cette dernière est la marraine du lieu lorsque Michel Joyeau et Michel Miletti en prennent la tête en 1990, en partenariat avec Juste pour Rire depuis 2007. On y découvre alors Elie et Dieudonné, Franck Dubosc, Stéphane Guillon ou Juliette, Marie-Paule Belle et Guy Montagné.
Le théâtre est repris en octobre 2015 par Roméo Cirone et deux associés, notamment l’humoriste Yassine Bellatar.
36 boulevard de Clichy
01 46 06 10 17
theatrededixheures.fr
Les Deux ânes
Malgré sa grande salle de 300 places et son côté un peu institutionnel, il était difficile de ne pas faire figurer les Deux ânes dans cette sélection, sachant que son histoire est liée à celle du Dix heures. Les Deux ânes incarnent la tradition française des chansonniers, humoristes politiques à la satire facile. Après avoir connu des fortunes diverses sous plusieurs appellations (La Truie qui file, l’Araignée, le Porc-Épic, Les Truands…), l’établissement situé au 100 boulevard de Clichy devient en 1917 le théâtre des Deux ânes à l’initiative de Roger Ferréol et André Dahl déjà propriétaires du Dix Heures voisin. Le nom proviendrait de la difficulté à rebaptiser un lieu totalement rénové (« Pour ne rien trouver, faut-il que nous soyons ânes ! »).
Les meilleurs chansonniers du moment sont à l’affiche, parmi lesquels Trémolo, Dahlio, Noël-Noël, René Dorin, ou un jeune inconnu, Pierre Dac, ainsi qu’une débutante au talent prometteur, Arletty.
En 1995, Jean Herbert passe les rênes du théâtre à Jacques Mailhot, qui fait appel à ses complices Maurice Horgues, Anne-Marie Carrière, Jean Amadou, Jean Roucas ou Laurent Gerra, alors débutant. Le succès est au rendez-vous et aujourd’hui, la troupe joue à guichet fermé tous les soirs, en proposant un plateau de chansonniers qui renouvelle ses titres de spectacles en fonction de l’actualité.
100 boulevard de Clichy
01 46 06 10 26
www.2anes.com
Le Funambule Montmartre
Le théâtre du Funambule se niche au coin de la rue des Saules, dont les pavés débouchent au bas d’un escalier menant à la rue Caulaincourt. Depuis plus de trente ans c’est une institution du quartier, un ancien théâtre-restaurant ensuite identifiable à son bar et son piano posés dans un coin de la salle.
Sandra Everro et Julien Héteau en ont repris les commandes en 2006, mettant à l’honneur des spectacles qu’ils pensent prometteurs, avec des acteurs encore inconnus. En juillet 2016, le Funambule ferme pour trois mois de travaux. Construite en matériaux écoresponsables, la nouvelle salle a fait un demi-tour sur elle-même et les 120 fauteuils regardent maintenant vers une scène au fond du théâtre.
Après cette métamorphose, le théâtre fait aussi partie des « théâtres parisiens associés », proposant des créations maison et davantage de coréalisations. C’est ici que se produit notamment l’humoriste Frédéric Sigrist, fidèle du lieu, dans son spectacle de satire politique.
53 Rue des Saules
01 42 23 88 83
www.funambule-montmartre.com
Le théâtre Montmartre Galabru
Situé à deux pas des Abbesses et du Sacré-Cœur, dans un ancien théâtre à l’italienne fondé par Renée Maubel en 1850, voici l’ancien « Conservatoire Maubel ». Une salle de répétition de la comédie française où les plus grands venaient répéter : Michel Simon, Pierre Fresnay, Pierre Brasseur… Michel Galabru, qui avait acquis le théâtre de Dix heures pour ses fils, achète en 1984 pour sa fille ce tas de gravats dont il fait une salle de théâtre.
Eric Reynaud-Fourton a repris la salle en 2009, baptisée successivement théâtre Montmartre Galabru puis théâtre Michel Galabru. Il a notamment permis à Kyan Khojandi et Kheiron d’y jouer leurs spectacles, tout en créant le Bordel Club, une scène ouverte de stand-up où ils venaient tester leurs nouvelles vannes. C’était juste avant la création et l’immense succès de Bref, diffusé en 2011-12 sur Canal +, dans lequel Eric Reynaud-Fourton incarne le père du héros.
Pour l’anecdote, c’est ici qu’a été jouée la première pièce de Guillaume Apollinaire, Les mamelles de Tirésias.
4 rue de l’Armée d’Orient
01 42 23 15 85
theatregalabru.com
L’Alambic Comédie
Programmant du café-théâtre, de la comédie pour enfant, et parfois des shows surprenants, en one-man ou en impro, L’Alambic Comédie fête ses dix ans cette année. Elle est dirigée par des passionnés désireux de vivre une aventure artistique et humaine dans un quartier plutôt défavorisé. « C’est un vrai sacerdoce qui demande beaucoup de présence, d’énergie et de foi, surtout lorsque nous créons des spectacles. Mais c’est une magnifique aventure, riche en émotion, en partage et en rires ! », s’enthousiasme son directeur Lois Le Du. S’ils ont tous une profession le jour, le soir ils font du théâtre pour le plaisir.
La programmation met à l’honneur des spectacles jeunes publics divertissants et à but pédagogique. Le théâtre présente aussi des créations, notamment la pièce Mes très chers amis pour fêter ses dix ans, ou des spectacles d’improvisation participatifs et originaux. Un atelier théâtre est ouvert au public. Enfin, on peut également louer l’Alambic.
12 rue Neuve de la Chardonnière
01 42 23 07 66
www.alambic-comedie.com
MAIS AUSSI…
Théâtre Lepic
Niché à deux pas du Moulin de la Galette, à l’endroit où l’avenue Junot s’enroule sur elle même, le théâtre Lepic, ex-Ciné XIII théâtre, est un lieu cosy d’une centaine de places, bien loin de l’archétype inconfortable du café-théâtre.
Dans l’ancien décor du film Edith et Marcel de Claude Lelouch, le théâtre Lepic propose des créations originales, des auteurs contemporains ou des classiques revisités. Depuis plus de dix ans, une jeune équipe emmenée par Salomé Lelouch s’est emparée de ce théâtre pour en faire un lieu dynamique, accueillant des compagnies émergentes ou confirmées pour un théâtre à la fois exigeant et populaire.
Chaque année, le festival des Mises en capsules présente pendant trois semaines cinq courts spectacles par soir. C’est un moment convivial, attirant de plus en plus de curieux à la découverte de pépites. Un bar accueille le public avant et après les spectacles, pour rencontrer les comédiens.
1 avenue Junot
01 42 54 15 12
www.cine13-theatre.com
La Manufacture des Abbesses
La Manufacture des Abbesses n’est pas non plus à proprement parler un café-théâtre, mais il arrive a des humoristes de s’y produire, à l’instar de l’excellent Gauthier Fourcade qui y présente chacun de ses nouveaux seul-en-scènes. La salle, assez confortable, peut accueillir 120 spectateurs.
Depuis 2006, le théâtre est dirigé par un jeune auteur très productif, Yann Reuzeau, qui y propose toujours de nouvelles créations, les siennes et celles des autres. Oui, c’est un théâtre indépendant dédié aux auteurs contemporains. Auparavant, le lieu a accueilli l’enseigne d’un maréchal-ferrant, une boite audiovisuelle, avant d’être laissé quelque temps à l’abandon jusqu’à cette réhabilitation qui en a fait la Manufacture des Abbesses.
7 Rue Véron
01 42 33 42 03
www.manufacturedesabbesses.com
Le théâtre des Béliers parisiens
Si le théâtre des Béliers a d’abord vu le jour à Avignon, il a ensuite éclos en septembre 2012 du côté de la mairie du 18e, sur les ruines du Sudden théâtre, pour devenir le théâtre des Béliers parisiens. La programmation y est variée et exigeante, puisque c’est là que le génial Alexis Michalik a présenté sa deuxième création, le Cercle des Illusionnistes, récompensée trois fois aux Molières.
Une des meilleures comédies du début de l’année 2018 s’y est jouée également, Une sombre histoire de girafe, mise en scène par Nicolas Martinez, ex-membre de la troupe à Palmade.
14 Bis rue Ste Isaure
01 42 62 35 00
www.theatredesbeliersparisiens.com
On n’a pas évoqué ici le théâtre de l’Atelier, celui des Abbesses, l’Atalante, le Grand parquet, le Lavoir moderne parisien, le théâtre Ouvert, l’Etoile du Nord ou la Reine Blanche, soit parce qu’ils avaient une programmation plus classique, soit parce qu’ils reçoivent des subventions publiques, voire pour ces deux raisons à la fois.
On n’a pas évoqué ici le théâtre de l’Atelier, celui des Abbesses, l’Atalante, le Grand parquet, le Lavoir moderne parisien, le théâtre Ouvert, l’Etoile du Nord ou la Reine Blanche, soit parce qu’ils avaient une programmation plus classique, soit parce qu’ils reçoivent des subventions publiques, voire pour ces deux raisons à la fois.
0 commentaires