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Promenade sur les pas de Jean Rolin dans La Clôture

A la fin du 20e siècle, Jean Rolin explore le boulevard Ney, qui relie la porte de Saint-Ouen à la porte d’Aubervilliers, tout en retraçant la vie du maréchal d’Empire. Peut-on revivre aujourd’hui l’expérience littéraire de La Clôture ?

Jean Rolin est non seulement un des plus grands stylistes de la littérature française d’aujourd’hui, mais il est aussi un écrivain qui arpente le territoire. En particulier Paris et les marges de la ville, ces espaces suburbains dont il rend compte par l’acuité de son regard et la précision de sa langue. Dans Zone, c’était la banlieue nord qu’il inventoriait, en réservant des chambres d’hôtel avec vue sur l’autoroute. Dans La Clôture, il arpente le boulevard Ney, qui relie la porte de Saint-Ouen à la porte d’Aubervilliers, ainsi qu’une partie du boulevard Macdonald. Si Rolin prend ce prétexte géographique pour dresser le portrait du maréchal Ney, il détaille surtout les lisières de la ville à la toute fin du 20e siècle.

La Clôture, c’est aussi le nom d’une rue du 19e arrondissement qui longe la voie ferrée de la gare de l’est, entre Pantin et le parc de la Villette. C’est sur un talus de cette rue méconnue que fut retrouvé le corps d’une prostituée bulgare, Ginka Trifovna, assassinée dans la nuit du 21 au 22 novembre 1999. Le fait divers sert de déclencheur à cette narration où se mêlent exploration urbaine et biographie romancée d’un maréchal d’Empire.

La contrainte de l’auteur pour son livre – et ce sera celle de notre trajectoire -, consiste à garder en vue l’ancienne « tour Daewoo », aujourd’hui rebaptisée tour La Villette du nom de la porte qu’elle occupe, et aussi en raison de la disparition de l’enseigne qui la couronnait, depuis que la marque coréenne a fait faillite. « Le territoire sur lequel j’interviens désormais, écrit Rolin, peut être défini comme la section du boulevard extérieur d’où se voit la tour Daewoo, à l’exclusion de toute autre section du même boulevard ».

Aujourd’hui, 20 ans après, cette limite nord de Paris, jadis sulfureuse et interlope, est en cours de métamorphose, occupée par les sièges de grandes entreprises et des parcs urbains au goût de l’époque, bien que se soit formée à la porte de la Chapelle une « colline à crack », dramatique point de convergence entre toxicomanes et migrants repoussés de l’intérieur de Paris.

On découvrira l’ombre de la ville passée dans les reflets miroitants de ces nouveaux immeubles…

2 Commentaires

    • Julien Barret

      Oui, en effet, laquelle promenade (la vôtre) fait écho à celle de Jean Rolin avec son éditeur en mai 2009, itinéraire un peu plus long, puisqu’il partait de la porte de Clignancourt et qu’il arrivait à votre pont de départ, à peu près : https://www.youtube.com/watch?v=eq3HGdvy7mo&t=1s

      Réponse

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