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Les théâtres du 9ème arrondissement

Avec un Opéra, quelques salles emblématiques comme l’Olympia, les Folies Bergère ou le Casino de Paris et 24 théâtres, le 9ème arrondissement est celui qui compte le plus de lieux dédiés au spectacle. Bordé au sud par les Grands Boulevards qui ont donné leur nom à un genre de vaudeville, au nord – côté 18ème – par l’ancien mur des fermiers généraux semé de cabarets où les Parisiens venaient se griser sans payer l’octroi, le 9ème est sillonné de rues peuplées de lieux festifs. De majestueuses salles à l’italienne, tendues de velours pourpre, et des cafés-théâtres plus discrets y proposent une production variée, de Beckett au music-hall en passant par le one-man-show. Découvrez cinq parcours dans l’arrondissement, à suivre en égrainant ces temples dont chaque façade raconte une histoire

De la place Blanche à la place Saint-Georges : comédie et music hall

Nous commençons ce premier parcours à quelques pas de l’appartement-atelier qu’André Breton habita toute sa vie, au 42 rue Pierre Fontaine, derrière une grille mitoyenne de la Comédie de Paris. Ce bâtiment art déco en forme de paquebot a été inauguré en 1929 sous le nom de Menus Plaisirs. Au numéro 40, on retrouve le Carrousel de Paris, un cabaret french cancan inauguré en 1926 par le comte Albatino pour Joséphine Baker. A peine plus bas, après l’intersection avec la rue de Douai se dessine au numéro 25 le fronton étoilé de la Nouvelle Eve, un cabaret plus tendance, doté de sa revue et présentant des spectacles originaux. Ici fut lancée en 1920 la première revue nue à Paris. Quelques mètres plus bas, au 15, le théâtre Fontaine occupe depuis 1951 l’emplacement d’un ancien cabaret, le Chantilly.

Derrière le Musée de la Vie Romantique, cité Chaptal, à quelques dizaines de mètres de la Nouvelle Eve, l’International Visual Theatre (IVT) est installé dans les locaux de l’ancien théâtre du Grand Guignol. À la fois salle de spectacles, maison d’édition et école de langue des signes, l’IVT est un carrefour culturel pour les sourds et les entendants.

En poursuivant la descente de la rue Pierre Fontaine, on débouche sur la place Saint-Georges qui offre un joli regroupement de salles de spectacles. À droite, sur la rue La Bruyère se font face le théâtre de la Bruyère, créé en 1943 dans une salle de conférence à l’abandon, et la Petite loge qui, avec ses 25 sièges, peut se targuer d’être le « plus petit théâtre de la capitale ». Sur la place elle-même s’élève le théâtre Saint-Georges, créé en 1929 dans un hôtel particulier datant de 1857 et dont la salle de 500 fauteuils accueille des pièces à succès.

Un peu plus bas sur la rue Saint-Georges, on s’arrête devant le numéro 50 où se cache l’Antre Magique, dédiée à l’illusionnisme depuis 1995.

De la place de Clichy à la Trinité : un héritage historique

La rue de Clichy, qui part de la place éponyme pour descendre vers le cœur de l’arrondissement, est elle aussi bordée de salles majestueuses. Au 55 de la rue, on passe d’abord devant le théâtre de l’Œuvre, à la programmation exigeante, ancienne salle Berlioz inaugurée 1893 avant de devenir maison de l’Œuvre. Dans un tout autre registre s’illustre la Grande comédie, créée en 2005 au 40 rue de Clichy et dont les deux scènes présentent exclusivement des pièces comiques. L’histoire du Casino de Paris, sis au numéro 16, est indissociable de celle du théâtre de Paris mitoyen mais qui donne sur la rue Blanche. À l’emplacement actuel des deux salles fut créé vers 1730 un lieu de spectacle pour le duc de Richelieu, transformé au 18ème siècle en un vaste parc d’attractions, le Tivoli, qui accueillera à la Belle Époque une « patinoire à roulettes » ! En 1880, une partie de la patinoire devient le Palace théâtre, rebaptisé Casino de Paris en 1891, et propose à partir de 1914 des revues et du music-hall avec Mistinguett, Maurice Chevalier, et plus tard Tino Rossi ou Zizi Jeanmaire. De l’autre côté naît en 1891 le Nouveau Théâtre, futur théâtre de Paris, qui révèle au public parisien des auteurs comme Ibsen et crée l’Ubu Roi de Jarry en 1893. En 1955, Elvire Popesco alors directeur du théâtre de Paris transforma les ateliers de costumes en une seconde salle qui devint alors le « Théâtre Moderne » puis « le Petit théâtre de Paris » pour aujourd’hui s’appeler « la salle Réjane ».

Passé la Trinité, la rue de Clichy se prolonge dans la rue de Mogador où s’élève le théâtre Mogador. Fondé en 1913 par un financier britannique sur le modèle du Palace, un music-hall londonien, il peut contenir 1 860 personnes, ce qui en fait un des plus grands théâtres parisiens. Consacré aux opérettes et aux revues depuis les années 1930, le lieu est aujourd’hui dédié aux comédies musicales.

Derrière la place Pigalle : des bars à entraîneuses aux café-théâtres

Formant les deux branches d’un compas dont le sommet serait la place Pigalle, les rues Frochot et Jean-Baptiste Pigalle ont connu une étonnante métamorphose ces deux dernières années, leurs bars à entraîneuses s’étant mués en bars à cocktails branchés défendus par des portiers imposants. Mais cette reconversion a commencé dès 1999 avec la création du Bout, un temple de l’humour, dans un ancien peep show du 6 rue Frochot, suivi quelques années plus tard, au 62 rue Pigalle, du Bout rond qui allait devenir la Cible en 2013, toujours dotée d’un plateau tournant en plexiglas. Derrière le square Trudaine, au 52 rue de la tour d’Auvergne se trouve le dernier né des petits café-théâtres parisiens, Chez les fous, également créé par l’équipe du Bout dont il héberge l’école de one-man-show.

Des Grands Boulevards aux Folies Bergère : le territoire du Titi parisien

Les Grands Boulevards ont été tracés à la suite de l’agrandissement de Paris, sur les anciens contreforts de l’enceinte Charles V, ce qui explique une position de surplomb par rapport aux rues parallèles. Dès leur aménagement au 18ème siècle avec l’installation de nombreux théâtres, ils deviennent un espace de flânerie et de légèreté. L’esprit « boulevardier » se développe dans ces théâtres qui donnent des pièces légères et divertissantes, où des bourgeois replets emmènent les grisettes.

Le théâtre des Nouveautés a souvent changé de place au cours des siècles. Initialement créé rue Vivienne en 1827, il est installé depuis 1921 au 21 boulevard Poissonnière et présente des one-man-show et pièces à succès.

Caché en contrebas du boulevard Poissonnière, battu de pavés qui préservent sa pittoresque intimité, la Cité Bergère s’alanguit à son propre rythme. On y découvre le Limonaire, une institution qui perpétuait la tradition séculaire du  « caf conc »’, qui a hélas fermé sa porte en 2017. Au fond de la salle du restaurant où les convives se donnaient du coude à coude, la scène accueillait tous les soirs des chanteurs ou des chansonniers. Un dimanche par mois se tenait le « bal du chansonnier ».

A l’intersection de la cité Bergère et de la rue du Faubourg Montmartre se dresse le théâtre du Nord-Ouest. Créé en 1997 par le critique et metteur en scène Jean-Luc Jeener à l’emplacement d’un cabaret ouvert à la Libération, le lieu propose chaque année l’intégrale d’un auteur, Molière, Shakespeare ou, pour 2015, Racine.

De la cité Bergère, on peut aussi rejoindre la rue de Trévise et, au numéro 14, son mythique théâtre Trévise, dans un bâtiment qui abrite aussi le foyer d’étudiants de l’Union Chrétienne de Jeunes Gens de Paris (YMCA). Tous les dimanches soirs depuis 1991 s’y tient la plus célèbre scène ouverte de France, le FIEALD, Festival International d’Expression Artistique Libre et Désordonnée, où les humoristes de renom viennent périodiquement tester leurs nouveaux sketchs.

En poussant plus loin dans la rue de Trévise, la minuscule façade du 41 cache un discret théâtre de poche à la programmation comique intéressante : le Lieu. Sur l’axe parallèle, rue Saulnier, a été créé en 2009 un nouveau café-théâtre qui ne cesse de grandir, les Feux de la Rampe. En plus de ses deux salles de la rue Saulnier, la création d’une nouvelle salle rue Richer nourrit les files de spectateurs qui s’étirent sur les trottoirs.

Enfin, comme un trait d’union entre les rues Saulnier et de Trévise, le fronton doré des Folies Bergère orne depuis 1869 le 32 rue Richer, avec sa danseuse stylisée. Inscrit au registre des Monuments historiques depuis 1990, le bâtiment où ont été présentées les premières revues de music hall propose aujourd’hui au public des comédies musicales et des concerts.

De l’Olympia à l’Opéra : prestige et majesté

Bien campée au 28 boulevard des Capucines, l’Olympia demeure cette salle mythique dont chaque artiste rêve un jour de fouler la scène. En 1893, Joseph Oller, le fondateur du Pari Mutuel et du Moulin Rouge fait édifier une salle de spectacle de 2000 places à l’endroit où il a été contraint de démolir ses montagnes russes. Ainsi naît l’Olympia qui entame une programmation de music hall, avant que Bruno Coquatrix ne décide en 1954 de rendre le lieu à la chanson.

Au sortir de l’Olympia, on peut prendre à droite la rue de Caumartin pour déboucher sur la Comédie Caumartin. Inaugurée en 1901 sous le nom de Comédie-Royale, la salle est dédiée aux pièces de boulevard, puisque c’est là qu’a notamment été créé le vaudeville à succès Boeing Boeing en 1960.

En sortant côté gauche, on peut emprunter la rue Edouard VII et rejoindre en quelques pas le majestueux square où l’architecte William Sprague construisit en 1913 le théâtre Edouard VII, dont le fronton de colonnes fait face à la statue équestre du souverain anglais. D’abord cinéma, puis théâtre où Guitry déclare en 1920 sa flamme à Yvonne Printemps, cette salle de quelque 720 places présente toujours des spectacles de qualité.

À peine plus loin, sur le square de l’Opéra, on admire la façade art nouveau et rococo du théâtre de l’Athénée, inauguré en 1896 et dirigé par Louis Jouvet de 1934 à 1951. Cette splendide salle à l’italienne, classée monument historique en 1995 a été magnifiquement rénovée.

Traversez la rue Auber, vous ne pouvez manquer l’Opéra de Paris, dans le remarquable palais Garnier, construit à la fin du 19ème siècle par l’architecte Charles Garnier dans un style néoclassique qui eut à l’époque ses détracteurs. Sa célèbre salle, au plafond peint par Chagall, présente de l’opéra bien sûr, mais aussi des ballets et des concerts.

Liste des théâtres

De la place Blanche à la place Saint-Georges (9 lieux)

De la place de Clichy à la Trinité (5 lieux)

Derrière la place Pigalle (3 lieux)

Des grands boulevards aux Folies Bergère (7 lieux)

De l’Olympia à l’Opéra (5 lieux)

1 Commentaire

  1. Julien Barret

    La plupart des liens contenus dans ce dossier renvoient à des articles du site http://www.criticomique.com, lancé en 2008 pour proposer un espace de critique théâtrale, en particulier consacré à la scène humoristique.

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