La libellule d’Hector Guimard porte Dauphine
À la porte Dauphine, une bouche du métro conserve l’une des trois dernières marquises Art nouveau en forme de libellule, avec celles des stations Châtelet et Abbesses.
Entre l’avenue Foch et les abords du bois de Boulogne, la porte Dauphine doit son nom à sa proximité avec la belle faisanderie du château de la Muette où séjourna souvent Marie-Antoinette, alors épouse du Dauphin. L’avenue Foch, longue de 1 300 mètres, est la plus large de la capitale (120 mètres, à comparer aux 70 mètres d’envergure des Champs-Elysées et aux 35 mètres du périph et des maréchaux). Ses allées cavalières, situées entre la chaussée centrale et les bandes de jardins, permettaient jadis aux personnes à cheval de rejoindre le bois de Boulogne.
Outre le cavalier figé pour la carte postale, ce qui frappe sur la photo ancienne, c’est cette bouche de métro célèbre d’Hector Guimard. Influencé par l’Art nouveau, il rompt avec la tradition haussmannienne, en s’inspirant de la nature et en usant de matériaux simples, produits en série : pierre pour les soubassements, fonte de fer pour les structures, lave émaillée pour les panneaux et verre pour les toitures. Dès 1898, à 32 ans, il commence à réaliser quelques entrées du métro parisien qui vient juste d’être inauguré. Guimard en conçoit plusieurs modèles, de la simple descente jusqu’à l’édicule, orné ou non de ces fameux candélabres Dervaux, ces lampadaire végétaux si caractéristiques.
C’est en 1900 que l’architecte conçoit, sur un embranchement de la ligne 1 du métro, les quatre bouches de la station Porte Dauphine inaugurée le 19 juillet 1900, dont celle avec une remarquable marquise de style Art nouveau. Cette verrière soutenue par trois piliers et dotée d’un auvent, les Parisiens la surnommeront libellule. Le « modèle B » ici visible est le seul vestige des cinq pavillons de ce type installés entre 1900 et 1902 sur les lignes 1 et 2 du métro. En octobre 1999, lors du centenaire du métro parisien, il est inscrit au titre des monuments historiques et entièrement restauré. Entre les deux photos, il semble que ce petit édifice ait pivoté sur un axe jadis aligné dans la perspective de l’Étoile, mais il s’agit sans doute d’un effet d’optique lié à la prise de vue ancienne.
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