Alain Coquard, président de la République de Montmartre
Ex-fondateur d’une société qui a installé des réseaux câblés de télévision en France et dans le métro parisien, Alain Coquard préside depuis 2013 la République de Montmartre. Rencontre au siège de l’institution, le restaurant La Bonne franquette, en compagnie de son patron Patrick Fracheboud.
Publié le 10 octobre 2018
De quand date la Naissance de la République de Montmartre ?
La République de Montmartre est une association fondée par ses cinq compères, Bridge, Poulbot, Forain, Neumont et Willette et officialisée par le Journal Officiel du 7 mai 1921. Voilà cinq artistes qui ont marqué leur époque, se sont liés et ont créé cette République au rayonnement exceptionnel, en défendant le style de Montmartre. Ainsi, Forain a décoré beaucoup d’intérieurs de brasseries à Paris, d’ailleurs une très belle exposition lui a été consacrée par le Petit Palais en 2011.
Est-ce que vos adhérents vivent à Montmartre ?
Nous avons 900 adhérents, dont tous ne vivent pas à Montmartre. Le territoire de la République de Montmartre est mondial. On a des intronisés au Japon, en Amérique du Sud, en Argentine, en Italie, en Allemagne, en Suède… Plus qu’un passeport ou une identité, c’est un esprit frondeur, de solidarité. La République de Montmartre a défendu le site de Montmartre, s’est battue pour que les vignes existent encore à la place d’un projet immobilier, elle a fait reculer dans les années 20 la Ville de Paris qui voulait construire des immeubles sur ce terrain. Ces dernières années, on s’est encore battus pour rénover la Cité des Arts, une résidence d’artistes hébergée dans la Villa Radet. Ce lieu exceptionnel, situé dans un parc de 7000 mètres carrés, tombait en décrépitude. C’est devenu un espace de création et d’échanges, qui accueillera les 10 et 11 novembre la « biennale de l’objectif, de la palette et du burin ». Notre invité d’honneur est l’association des artistes vietnamiens de Paris et l’on va recevoir 50 artistes.
« À côté du tourisme, il reste un esprit village entretenu par des gens qui se connaissent, se retrouvent, s’engueulent parfois. »
Tous les lieux de Montmartre ont-ils l’esprit de votre République ?
Il y a une grosse pression économique de la part des 12 millions de touristes par an qui viennent à Montmartre. À côté de cela, vous avez aussi un esprit de village entretenu par des gens qui se connaissent, se retrouvent, s’engueulent parfois. Entre les gens qui y vivent et ceux qui y travaillent, il reste cet esprit parfois clochemerlesque dans certains débats. On a fait partie de la fédération des communes libres de France. Nous sommes jumelés avec les amis d’Alphonse Allais dont le siège est à la Crémaillère, et amis avec la société du vieux Montmartre, créée en 1889, qui gère les 110 000 pièces du fonds artistique du musée de Montmartre. On se bat en commun sur des projets, on se retrouve, on échange.
Comment voyez-vous la différence entre les Abbesses et le versant nord de Montmartre, plus résidentiel ?
Vous avez une activité commerciale aux Abbesses, le film Amélie Poulain a beaucoup fait dans ce domaine. Le quartier se transforme progressivement en supermarché de vêtements de luxe, c’est dommage. Vous n’avez plus aucun commerce de proximité dans le haut Montmartre, sauf une pharmacie gérée par notre ami Frédéric Loup avec son épouse Catherine. C’est une vraie pharmacie à l’ancienne. Rue des Martyrs, il n’y a plus de commerces de bouche. Il reste la partie de la rue Lepic, entre Blanche et Abbesses…
Vous menez toujours des actions sociales, comme à l’origine ?
Oui, la République de Montmartre subventionne les Poulbots ou l’association des papillons blancs du 18e qui aide les enfants handicapés. On offre chaque année 3500 places de cirque aux enfants de l’arrondissement (une tradition ancrée dès l’origine avec la famille Fratellini, ndr). On ne se limite pas à Montmartre. On garde l’esprit d’origine et on combat les projets qui ne nous semblent pas conformes.
Et vous inaugurez la fête des Vendanges qui a lieu du 10 au 14 octobre…
La République de Montmartre avait été à l’initiative de la défense de ce terrain, à l’abandon après que le conseil de Paris eut renoncé au projet, qui est devenu le square de la liberté. En 1933, la vigne a été plantée et en 1934 il y a eu la première vendange. Depuis, le président de la République de Montmartre proclame l’ouverture de la fête des vendanges. Aujourd’hui, c’est devenu le 3e événement annuel de Paris, géré par la Ville, avec 500 000 à 600 000 personnes !
Pour en savoir plus, lire le dossier consacré à la République de Montmartre
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