De l’ancien théâtre de Grenelle au HBM art déco
Jadis, à la place de l’immeuble du 55 rue de la Croix Nivert, le théâtre Grenelle trônait au centre du quartier créé par Léonard Violet
Aujourd’hui, en passant devant le 55 rue de la Croix Nivert, on découvre un immeuble imposant des années 30, avec briques rouges et bow windows. Comment se douter qu’à sa place s’élevait le théâtre de Grenelle, pièce maîtresse du nouveau quartier créé par Léonard Violet et auquel menait la rue éponyme ?
Il faut se replonger dans le Paris de l’époque. Avant l’annexion des faubourgs à Paris en 1860, le théâtre de Grenelle constituait l’un des cinq théâtres de banlieue. Il est édifié en 1828 à l’initiative de la famille Seveste qui avait déjà ouvert le théâtre de Montmartre en 1822 (futur Atelier) et ouvrira ceux de Belleville, du Montparnasse et des Batignolles (actuel Hébertot).
En 1837, la salle est rénovée et sa capacité passe de 800 à 1100 places. Mais suite à une gestion hasardeuse, le théâtre est vendu en 1847 à un riche habitant de Grenelle, M. Demion, qui confie la direction artistique au comédien Larochelle, déjà directeur du Montparnasse. Les deux théâtres sont alors groupés : mêmes pièces et mêmes comédiens en vogue, à l’image de Frédérick Lemaître.
En 1876, la salle est reconstruite telle que nous la connaissons par les clichés anciens (cf. illustration), avec sa façade aux quatre pilastres doriques supportant un fronton rectangulaire. La salle était « l’une des plus jolies de Paris, où le public trouvait un confort agréable et bon marché », écrit Lucien Lambeau dans son Grenelle (1914). Elle offre 800 places et l’on y donne des représentations trois jours par semaine.
En 1929, l’augmentation des charges et l’absence de subventions entraînent la fermeture du théâtre, remplacé par un immeuble de type HBM (habitation à bon marché) construit par André Pié, dans un style municipal art déco. Le rez-de-chaussée sera alors occupé par le cinéma Palace Croix-Nivert jusqu’en 1983, avant d’accueillir un lieu de prière pour les Ismaéliens (Fondation Aga Khan).
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