Entre le 17 mars et le 11 mai 2020, Paris, comme le reste de la France, a subi son premier confinement. Mais il a fallu attendre le 2 juin 2020 pour que les parcs et jardins parisiens rouvrent au public. Dans les jours précédents, une polémique avait opposé le gouvernement à la municipalité qui demandait la réouverture des espaces verts.

Peu avant cette réouverture, je me suis rendu au square du Vert-Galant, à la pointe occidentale de l’île de la Cité, situé sept mètres plus bas que le reste de l’île et potentiellement inondable. C’est là que furent brûlés les derniers Templiers, dont Jacques de Molay en 1314.

Sur la carte postale de 1933, des enfants en culotte courte jouent à faire des châteaux de sable, sous l’œil d’un parigot à béret lisant son journal, peut-être L’Intransigeant ou Le Parisien. Fin mai 2020, l’espace était désert. Mais derrière le banc de pierres et la grille du parc, on distinguait toujours les arcades massives du Pont-Neuf et les fondations de la Samaritaine. Ce Pont-Neuf, le plus ancien de Paris, fut construit sous le règne d’Henri IV, dit le « Vert galant », dont la statue équestre domine le parc.

Au-delà du confinement, qu’est-ce qui a changé en 93 ans ? Le bac à sable, désormais bétonné, est désespérément vide. Seuls demeurent un ruban de chantier et le carton d’un pack de bière, laissé par des badauds sans doute plus sensibles au charme de la ville qu’aux règles de confinement.