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Les Buttes Chaumont vues par Aragon
dans Le Paysan de Paris

 

Le Paysan de Paris est un chef d’œuvre de la littérature surréaliste. Parmi quatre parties de taille inégale, Le sentiment de la nature aux Buttes Chaumont renouvelle le sentiment de la ville et la langue littéraire en France. Marchons, la nuit, dans le parc, en quête de ce frisson métaphysique.

Un soir d’août 1925, Marcel Noll, Aragon et Breton sortent d’une réunion surréaliste dans l’appartement du 42 rue Fontaine où vit le dernier. Désœuvrés, en quête du « vent de l’éventuel », ils descendent la rue jusqu’à la Place Saint-Georges, à la recherche d’une activité qui éveillerait leurs sens : « Nous nous sentions tous trois de faibles ressources dans la basse clarté humide du printemps, sur les pentes de Montmartre où diverses tentations clignaient de l’œil sans acquérir ce pouvoir que nous aurions aimé leur reconnaître ».

« C’est l’heure du frisson, qui ressemble à crier à un trait d’encre noire. Nous nous réjouissons d’être des encriers. »

Lorsqu’ils parviennent autour de Notre-Dame de Lorette surgit une idée jetée comme un chapeau : les Buttes Chaumont, ce parc construit sous Haussmann dans le nord-est de Paris. Ils montent dans un taxi et foncent vers le 19e. Ils s’embarquent pour une épopée nocturne à la découverte de l’inconnu et du pittoresque, dans ce parc inauguré pour l’exposition universelle de 1867. Sur les pas d’Aragon, on va retrouver l’esprit de ce rêve éveillé.

« Voici le palais qu’il te faut, grande mécanique pensante, pour savoir enfin qui tu es »

Aragon décrit cette promenade de façon presque hallucinée, dans une prose ample et romantique. Les amis avancent nuitamment dans ce jardin de l’inconscient, observent, croisent des couples qui s’embrassent, échangent leurs impressions en inventant des histoires. Aragon a des interrogations mystiques :

« Qui me dira le secret des arceaux de fer qui limitent les chemins, le long des pelouses ? »

Il invoque l’urbanisme haussmannien teinté de rêverie rousseauiste, décrit la topographie des buttes, et fait parler une statue dans un monologue surréaliste sur la futilité des humains. On retrouve ce belvédère surmonté d’une folie – le temple de la Sibylle -, la cascade, le lac, le pont des suicidés, ou les inscriptions des piédestaux qu’il reproduit telles quelles, incluant des morceaux de réel dans son livre comme Breton des photographies dans Nadja.

A la quête de ce frisson, suivez-moi et laissez-vous errer…

Chaque parcours est suivi d’un atelier d’écriture où les participant(e)s composent quelques vers ou phrases, avant de faire l’objet d’un poème collectif agencé par mes soins, comme ce fut le cas le 22 août 2020

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Dans le Télérama Sortir du 1er septembre 2021, on pouvait lire la critique de la balade Aragon aux Buttes-Chaumont, assortie d’un portrait sensible de votre serviteur.

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