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Le carmel de Saint-Denis, un musée de mots à explorer

Le couvent dionysien qui accueille depuis 1981 le musée d’art et d’histoire Paul Eluard est un lieu mystique, historique et poétique. Fruit de ce que les surréalistes appelaient “hasards objectifs”, il réunit à la fois l’héritage du poète Paul Eluard, qui était amateur de proverbes, un fonds sur la Commune de Paris et des sentences inscrites sur ses murs par les religieuses pour les aider à vivre au quotidien. Cet article évoque l’histoire des lieux, en explorant les liens entre la poésie surréaliste de forme brève et les sentences mystiques des carmélites. C’est l’écho d’un parcours créatif que je propose régulièrement dans l’enceinte de ce monastère imprégné de poésie et de spiritualité, offrant aux visiteurs une expérience unique.

Publié le 11 mai 2024

Ouverture

La ville de Saint-Denis a mauvaise réputation. C’est la cité du martyr Denis, premier évêque de Paris et saint patron de la capitale qu’on reconnaît à sa tête décapitée qu’il porte dans ses bras. Saint-Denis, ville sœur de Paris avec ses ponts sur la Seine, son architecture haussmannienne et ses immeubles de faubourg, fait fantasmer par son cosmopolitisme, ses artistes de rap ou de slam, sa basilique, nécropole royale, où sont ensevelis les rois de France. Elle bouillonne, elle vibre, elle respire. Elle hurle et exulte parfois, se débat en spasmes comme en témoigne la façade criblée de 5000 traces de balles du 48 rue de la République, après des attentats du 13 novembre 2015, cette voie piétonne voisine de la maison natale d’Eluard. Elle se repose aussi parfois, alanguie, silencieuse. Recueillie dans une pause méditative, solitaire, retirée entre les hauts murs de son carmel, dans la douceur verdoyante de son cloître. Le musée d’art et d’histoire Paul Eluard, rue Gabriel-Péri, occupe l’un des plus anciens bâtiments de la ville.

Ne connaissant pas ce bâtiment – ni le cloître fondé en 1625, ni le musée historique créé en 1901 et intégré depuis 1981 au cloitre -, j’ai décidé un jour d’en savoir plus. Cette histoire commence donc le 29 décembre 2022, par un mail envoyé aux personnes chargées de la relation avec le public du musée Paul Eluard de Saint-Denis.

Je souhaitais rendre compte d’une exposition sur la relation entre Paul Eluard et Pablo Picasso. Me présentant comme un passionné de surréalisme, je sollicite un entretien avec un responsable de l’exposition. Si la réponse se fait un peu attendre, elle dépasse mes attentes. La responsable des relations avec le public et son adjointe me proposent de concevoir une balade sur les traces de Paul Eluard à Saint-Denis.

En mars 2023, je commence à préparer un parcours. Pour ce faire, j’ai le privilège d’accéder aux archives du musée, accueilli par une documentaliste particulièrement consciencieuse, et je rencontre la directrice de l’époque, Anne Yanover, qui me dévoile quelques manuscrits originaux et très rares du poète.

“Eluard n’est pas seulement le poète de l’amour, il est aussi le poète de la Résistance et farouche anticolonialiste », confiait l’ancienne directrice à Seine-Saint-Denis Magazine, ajoutant que plus on « travaille sur lui », « plus il résonne avec la modernité ». Cette résonance actuelle se nourrit aussi de ce qu’Eluard est un poète de l’aphorisme et de l’image, auteur de sentences imparables, dont certaines illustrent son art poétique : “Il nous faut peu de mots pour exprimer l’essentiel”.

Parcours poétique

Pendant plusieurs mois, j’ai nourri mes recherches au service de documentation du musée. Pour y accéder, il faut traverser un dédale de marches, de couloirs au murs recouverts de sentences plus ou moins restaurées, de grandes salles accueillant des ateliers de poterie, des espaces de travail réservés au personnel d’accueil et de médiation du musée, institution humaine avant tout. Au service de la documentation, tapissé de bibliothèques consacrées à Eluard et au surréalisme, je commençais par piocher un volume au hasard, puis un autre, avant de plonger dans les éditions préparées à mon attention.

Après une première visite fructueuse, en mars 2023, grâce au travail préparatoire de la documentaliste, j’envisageais un parcours poétique et historique in situ, dans l’enceinte du couvent, dans son jardin. Il fallait exploiter l’histoire du musée, sa configuration labyrinthique, l’architecture du cloître aux murs recouverts de sentences, cette forme fragmentaire très moderne qui rappelle les jeux de mots et proverbes dada, et ce jardin à l’entrée pour accueillir les visiteurs qui composeraient eux-mêmes quelques sentences.

En s’appuyant sur ces rendez-vous aléatoires ou mystiques, je voulais créer un parcours articulant l’œuvre poétique d’Eluard, l’histoire de ce couvent (fouilles préhistoriques, création du couvent au 17e siècle, musée dédié au poète), avec une exploration géographique concrète, une déambulation au fil des collections à ressaisir sur le motif, dans les différentes salles et ambiances du musée. Un parcours qui mènerait chaque participant(e), sans qu’il ou elle ne s’en rende compte, à composer son propre poème.

Avant d’explorer la dimension langagière du parcours, je publiais en juin 2023 sur ce site un premier article consacré aux demeures successives d’Eluard et à son rapport à la ville, dans la lignée des surréalistes, piétons de Paris et talonneurs de pavés (depuis « Zone » et « Le musicien de Saint-Merry » jusqu’au Paysan de Paris d’Aragon, à Nadja de Breton et aux Dernières Nuits de Paris de Soupault). L’idée était d’esquisser un parcours créatif et thématique, qui se constituerait en poème au fur et à mesure de la déambulation dans le musée. Au fil des sentences affichées aux murs, en minuscules d’imprimerie noires sur plâtre blanc, un mode typographique assez voisin des messages antiféminicides initiés par Marguerite Stern sur les murs de la ville, en lettres capitales noires sur fond blanc.

Le couvent de carmélites

L’histoire commence en 1625, lorsque sept religieuses d’Amiens fondent un couvent à Saint-Denis, 20 ans après la création du premier monastère français de carmélites, rue Saint-Jacques à Paris. Petit à petit les carmélites inscrivent aux murs des phrases censées aider à la méditation leurs résidentes. Ce décor fabuleux et intact, au sud de la vieille ville de Saint-Denis, est visible sur les plans anciens. C’est le carmel d’une ville, un lieu de repos dans le théâtre urbain. Un musée de mots, une expérience de déambulation.

La première pierre de l’église fut posée en 1628 par la reine Marie de Médicis. En 1779, Louis XV fait construire la chapelle pour sa fille Louise de France, carmélite à Saint-Denis, par Richard Mique, architecte du Trianon à Versailles. Pendant un siècle, de 1895 à 1993, la chapelle sert de tribunal d’instance, ce qui explique la présence de l’inscription Justice de Paix sur le fronton. Elle accueille des manifestations culturelles et des concerts d’artistes dyonisiens, comme ceux du pianiste Nicolas Seguy et du slameur Ami Karim. Une partie du premier étage est consacrée à l’histoire du carmel, grâce à la collaboration des carmélites de Saint-Denis, retirées au carmel de Montgeron.

“Il est d’usage dans notre Ordre d’inscrire sur les murailles, en divers endroits du monastère, des sentences tirées de l’Ecriture sainte et des œuvres des saints”, détaille un Cérémonial devant s’appliquer aux carmels de la région parisienne réédité en 1888. “On le fait au chapitre, au noviciat, au réfectoire, au parloir, etc. On peut enfermer ces sentences dans des cartouches, elles doivent être appropriées à chaque lieu.”

Pour s’immerger dans la contemplation et la méditation, les moniales inscrivent aux murs qui les cernent des sentences qui résonnent en leur for intérieur. Ces sentences ne sont pas placées au hasard dans le couvent : chacune correspond à un espace particulier, comme en atteste le Cérémonial pour l’usage des religieuses carmélites déchaussées édité en 1659, dont le chapitre 15 précise les “sentences qui doivent être écrites en divers lieux du monastère” “pour aider les personnes qui y demeurent à effleurer leurs âmes à Dieu”. Cinq espaces sont définis pour accueillir ces phrases “tirées de l’Ecriture sainte et des œuvres de divers saints” : le chapitre, le noviciat, le réfectoire, le chauffoir et le parloir – sans oublier, à Saint-Denis, l’infirmerie, la cuisine et le couloir des cellules.

Dévotion, culte de la Vierge, oraison quotidienne d’une heure pour communier avec Dieu. Cette oraison contemplative à l’oratoire vise à “approfondir la création mystique jusqu’à la fusion avec Dieu”, selon l’ancien conservateur en chef du musée, Jean Rollin, qui a consacré un livre au carmel et à ses inscriptions, Murs mystiques – Les sentences du Carmel de Saint-Denis (1986). Pour les carmélites, l’oratoire est consacré à Notre-Dame, modèle de l’âme contemplative, patronne et protectrice de leur communauté. Le chapitre est consacré aux questions quotidiennes.

La mystique du Carmel

Le Carmel est un ordre religieux catholique contemplatif, inspiré par le prophète Elie. Il a été fondé par des ermites sur le mont Carmel en Palestine à la fin du 12e siècle. C’est d’abord un ordre érémitique, c’est-à-dire propre aux ermites, qui va être organisé comme ordre monastique mendiant par le pape Innocent IV en 1247. Petit à petit, les rigueurs monastiques sont assouplies et une grande réforme est menée par Sainte Thérèse d’Avila au 16e siècle, qui prône un retour à la règle primitive des ermites du Mont Carmel. C’est-à-dire : clôture, pauvreté, oraison silencieuse, cette prière méditative, contemplative d’une heure à faire matin et soir. Les moniales déchaussées – celles qui marchent pieds nus – respectent un jeûne de huit mois sans viande, et peuvent avoir quelques visites au parloir. Elles ont fait vœu de silence : elles n’ont droit qu’à une heure de parole par jour dans une salle dédiée, le parloir, tandis qu’au chapitre ont lieu des réunions hebdomadaires de la communauté, assemblée et délibérations concernant la vie monastique. Les règles de l’ordre du Carmel, édictées en 1209 par Albert de Jérusalem pour les ermites de la communauté Notre-Dame du mont Carmel en Palestine, imposent la pauvreté, la solitude et le régime végétarien, et la mise en commun des biens. Elles préconisent de vivre dans des cellules séparées. Il y en avait 40 au carmel de Saint-Denis, dont on peut découvrir certaines au premier étage, exhalant une atmosphère monastique très particulière.

Des “Murs mystiques” évoqués dans un livre par l’ancien directeur du musée, Jean Rollin, à la Mystique de Paul Eluard dont parle Jean-Louis Benoit dans un article ainsi intitulé, il n’y a qu’un pas. “Tout commence par la prière. Le mystique prie souvent, en une prière d’adoration assez libre : l’oraison”, écrit-il. Cette prière se fait souvent dans « La nuit obscure », pour citer l’œuvre de Jean de la Croix glosant son propre poème inspiré du Cantique des Cantiques, soit une nuit de pénétration passive par l’esprit divin. Une expérience comparable à celle de la claustration, du recueillement, augmentée par l’obscurité silencieuse que l’on peut ressentir au milieu de la nuit au fond d’une cellule. Ce recueillement n’offre-t-il pas une analogie avec la retraite du poète entré lui-même pour parvenir à la voie ? Pour trouver sa voix. Celle de la sagesse, de l’amour, de la vérité. Humaine et surhumaine. Réaliste et surréaliste.

On peut noter le double sens du vocable oraison, à la fois discours et prière silencieuse, et la possible équivoque sur carme, au sens de religieuse de l’ordre et de poème, chant, incantation – voire de vers et de parole magique.

Une série de « hasards objectifs »

Le musée d’art et d’histoire Paul Eluard de Saint-Denis concentre une série de « hasards objectifs ». La réunion en un seul lieu de fonds légués par le poète en 1951, l’année précédant sa mort, et des sentences inscrites par les moniales traduisent une même quête mystique exprimée par la forme brève.

“Problème des problèmes” pour Breton, la notion de “hasard objectif” vise “l’élucidation des rapports qui existent entre la « nécessité naturelle » et la « nécessité humaine », corrélativement entre la nécessité et la liberté”. D’une manière concrète, visible, inscrite dans l’espace, c’est “le lieu géométrique de ces coïncidences”. Le concept trouve sa source, non chez Marx ou Hegel, mais dans un livre de philosophie pour étudiants selon Georges Sebbag.

Hasard objectif parmi d’autres, je venais de terminer le manuscrit du Grand livre des punchlines de Sénèque à Nekfeu lorsque je découvris ce “musée de mots”. Un panorama du jeu de langage, des maximes gréco-latines aux répliques du rap actuel, en passant par les sentences dada surréalistes et la revue Proverbe, créée par Eluard et Paulhan en 1919, dont les exemplaires originaux étaient détenus au musée. Des phrases formulées pour voyager, quitter leur nid et toucher les esprits qu’elles ébranleraient d’un écho stimulant, apaisant ou paradoxal, à la façon des sentences inscrites aux murs du couvent par les Carmélites pour les encourager la méditation.

La plus troublante coïncidence se matérialise par une sentence de Sainte-Thérèse d’Avilla qui sonne comme une confession saisissante :

“Je vis sans vivre et j’attends une vie si haute que je meurs de ne pas mourir”

Une phrase inscrite sur la passerelle de verre construite lors des travaux du musée en 2019, lorsque le musée d’art et d’histoire de Saint-Denis rouvrit en prenant officiellement le nom de Paul Eluard. En 1924, soit bien avant que le poète ne lègue ses manuscrit à la Ville de Saint-Denis, alors que le musée historique ne s’était pas encore installé dans le couvent des carmélites. Cette citation est reprise par Paul Eluard comme titre à l’un de ses recueils, Mourir de ne pas Mourir. Œuvre qui précède une fugue de sept mois autour du monde, qui inquiète ses amis laissés sans nouvelles, et qui résulte sans doute de l’amertume et du dépit de voir Gala flirter avec son ami Max Ernst.

On y décèle un ces passages à la résonance troublante avec les “murs mystiques” du carmel, extrait d’un poème dédié au peintre Giorgio de Chirico :

“Un mur dénonce un autre mur
Et l’ombre me défend de mon ombre peureuse.
Ô tour de mon amour autour de mon amour,
Tous les murs filaient blanc autour de mon silence.”

Mourir de ne pas mourir : ce titre est comme une réminiscence de la conversion au catholicisme d’Eluard à quinze ans, peut-être sous l’influence de Gala qui était croyante, sa muse et son épouse rencontrée au sanatorium de Clavadel, près de Davos en Suisse. Ils se marient le 21 février 1917 à Saint-Denis, puis font baptiser leur fille, Cécile. Le père de Paul Eluard, anticlérical, n’acceptera pas cette conversion qui évoque celles d’autres grands poètes comme Claudel, Péguy, Max Jacob, Reverdy ou Cocteau. Puis, Eluard perd la foi et transforme ce culte divin en un amour sacralisé pour Gala, idéalisée. Cette mystique athée s’accommode d’un culte de la femme pure, Vierge Marie ou immaculée conception, qui hante l’esthétique surréaliste…

A cela, on peut ajouter une fausse citation d’Eluard qui, malgré son caractère apocryphe, se constitue partie intégrante de ce tableau :

Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous »

Dans un article de Littérature titré « Rhétorique mystique et rhétorique révolutionnaire, saint Jean de la Croix et Paul Eluard », Jean Perrot établit un parallèle annonciateur entre le poète et le disciple de Thérèse d’Avila, réformatrice des Carmes, invité par elle à réguler l’ordre du Carmel masculin. Saint Jean de la Croix donnait à ses “dirigées” une sentence à méditer dans la semaine.

“La contemplation n’est pas autre chose qu’une infusion secrète, paisible et amoureuse de Dieu, qui à l’occasion embrase l’âme de l’esprit d’amour”, écrit Jean de la Croix dans La nuit obscure, qui glose son propre poème intitulé Cantiques de l’âme. Au point de rencontre entre la poésie et la religion se situe la mystique.

Du carmel au musée Eluard

Le musée de Saint-Denis n’a pas toujours été installé dans le carmel. Fondé en 1899 et inauguré en 1901, il est d’abord installé dans un bâtiment de l’Hôtel-Dieu, détruit en 1907, l’apothicairerie, puis à côté de la bibliothèque municipale. Le carmel, laissé à l’abandon dans les années 1960-1970, est racheté par la ville en 1973. A cette époque, l’écrivain Gérard Mordillat m’a confié avoir tourné dans le couvent, avec Joël Farges dont il était assistant réalisateur, le troisième épisode de Guerres civiles en France, sur la Commune de Paris, sorti en 1976. La rencontre entre la religion et la lutte politique s’opère dans les années 1950, avec la constitution de fonds sur la Commune de Paris.

Après onze ans de travaux, le musée d’art et d’histoire est inauguré dans l’ancien couvent en 1981, pour l’élection de François Mitterrand. Cette rénovation conserve la spiritualité des lieux : le cloître jalonné des pierres tombales des religieuses, les cellules austères, et les sentences mystiques y sont mises en valeur.

De Louise de France à Louise Michel, cette “paradoxale réunion des Carmélites et des Communards dans le même lieu”, comme l’écrit le père François-Marie Léthel en juin 1981 dans le bulletin du Carmel de Paris, évoque un “œcuménisme large et profond”.

Si les Communards voulaient “changer le monde”, suivant un mot d’ordre aux accents surréalistes, la chapelle dédiée à Louise de France a longtemps été un tribunal. Ainsi, les affectations des bâtiments, leurs fonctions sociales, comme les registres littéraires ou religieux s’opposent d’abord et finissent par se confondre. Sans relativisme. À Saint-Denis, cette ville royale et révoltée, religieuse et anarchiste, urbaine et jadis rurale. Et enfin surréaliste, si l’on admet que “la vie et la mort, le réel et l’imaginaire” y “cessent d’être perçus contradictoirement”, suivant, la formule d’André Breton dans le Second Manifeste du surréalisme de 1930.

Eluard lui-même nous invite à de tels télescopages, dans une conférence de 1938 pour la radiodiffusion, où ses mots ne souffrent aucune équivoque :

“Le temps n’est plus, pour reprendre l’expression de Baudelaire, de ces “raisonneurs si communs, incapables de s’élever jusqu’à la logique de l’Absurde”. Avec Lautréamont et Rimbaud, tout est comparable à tout, tout trouve son écho, sa raison, sa ressemblance, son opposition, son devenir partout. Et ce devenir est infini”.

Les sentences des carmélites

Sur les 173 sentences inscrites sur les murs du couvent, 100 sentences proviennent de la Bible, majoritairement des Psaumes (33) et des Proverbes (7). L’Imitation de Jésus-Christ, œuvre anonyme, écrite en latin au tournant du 14e siècle et du 15e siècle, en compte 9. Louise de France en aurait écrit trois, Sainte Thérèse d’Avilla deux et Saint Jean de la Croix une seule.

D’un point de vue thématique, philosophique ou métaphorique, ces sentences doloristes envisagent une vie au-delà. Rhétoriquement, elles prennent la forme de paradoxes, parallélismes ou antimétaboles, de polyptotes, d’expressions métaphoriques, sous la forme d’allégories ou de paraboles…

La première d’entre elles marque l’entrée du visiteur dans l’enceinte du musée, comme une initiation, un viatique :

Toute la vie du juste est un jour de fête
Sain et solennel

Les sentences, 174 phrases peintes sur les murs, sont inséparables de l’histoire du Carmel. Elles sont inscrites à la peinture noire sur des panneaux de bois blanc léger. Restaurées dans les salles de l’actuel musée, elles évoquent une forme de sagesse universelle. Elles s’inspirent des écrits de Sainte Thérèse d’Avila ou Saint Jean de la Croix, insistent sur l’abnégation, l’obéissance, la foi dans l’autre monde, dépourvu de la souffrance à endurer dans celui-ci :

Le plaisir de mourir sans peine
Vaut bien la peine de vivre sans plaisir

Souffrez avec Jésus et pour Jésus,
si vous voulez régner avec Jésus

Mourez souvent de votre vivant
Afin de vivre après votre mort

La langue d’Eluard

Que le musée consacré à Paul Eluard se retrouve en 1981 dans un cloître de carmélites recouvert de sentences pieuses et mystiques, 30 ans après la mort du poète, c’est un hasard objectif. L’auteur des 152 proverbes mis au goût du jour, né en 1895 boulevard Jules-Guesdes, baptisé dans l’église en face, Saint-Denis de L’Estrée, côtoie donc les 174 sentences tirées des Écritures et des Psaumes. Mais le musée compte aussi des fouilles archéologiques, un fonds médiéval, des affiches de la Commune de Paris, et du mobilier modulaire de Francis Jourdain, qui était lui-même président de l’association des amis de la Commune dans les années 1930.

Eluard avait une conception très particulière du langage, comme en témoigne la réponse à une enquête surréaliste parue dans le numéro 17 de Littérature. A la question « Le langage peut‑il être un but ? », Eluard est le seul à répondre oui. Aragon est du même avis qui affirme, dans la préface aux Yeux d’Elsa, 1942 :

« Il n’y a poésie qu’autant qu’il y a méditation sur le langage et à chaque pas réinvention de ce langage. Ce qui implique de briser les cadres fixes du langage, les règles de la grammaire et les lois du discours »

« La poésie doit avoir pour but la vérité pratique », écrit Eluard comme titre à un poème de 1947, battant en brèche l’idée selon laquelle la poésie serait abstraite. C’est faux, évidemment. De même, « La poésie est le réel absolu » écrivait Novalis, dans la revue Athenaeum, tandis qu’Aragon, dans Le paysan de Paris, affirmait que « Le concret n’a d’autre expression que la poésie ».

A une once du cliché

Dans sa préface aux Œuvres complètes de Paul Eluard à la NRF, Lucien Scheler écrit, avec une préciosité emphatique, aux antipodes de l’essence verbale qu’elle désigne :

Il y a une magie créatrice chez Eluard, toute personnelle, une réussite rarement atteinte avant lui, qu’un agencement inaccoutumé des vocables de chaque jour et qu’une façon originale de repenser les images les plus communes déterminent. Le vers d’Eluard, qu’un rien souvent préserve du poncif, s’irise du rire des sources, c’est le duvet d’un fruit impollué, c’est l’aile éblouissante d’aube d’un papillon triomphant, c’est la jeunesse universelle.

De son côté, le poète André-Pierre de Mandiargues écrit d’Eluard qu’il peut « Parler aux hommes le langage de tous les hommes et leur parler cependant un langage tout neuf, infiniment précieux et simple pourtant comme le pain de la vie quotidienne ». Précieux est ici employé au sens de richesse, et non d’une beauté artificiellement complexe.

Ce goût de l’épure s’exprime dans un autre forme brève, venue du Japon, le haïku qu’il pratique en 1920. Ainsi en témoignent ses “onze haï-kaïs” intitulés Pour vivre ici, donc celui-ci :

La muette parle
C’est l’imperfection de l’âme
Ce langage obscur.

Les proverbes des surréalistes

Eluard est moins connu pour son goût du jeu du mot qu’Aragon ou Desnos. Et pourtant, il a composé en 1920 la revue Proverbe avec Jean Paulhan, théoricien de la littérature qui distingue les écrivains en deux catégories dans Les Fleurs de Tarbes : les rhétoriciens qui suivent des règles de composition ancienne et les romantiques qui veulent faire table rase de tout ce qui les a précédés. Les surréalistes, sont un peu l’un et l’autre. Il veulent renverser la table tout en revendiquant un héritage, et les titres des œuvres de Breton notamment témoignent d’une rhétorique du jeu de mots (Le revolver à cheveux blancs, Clair de Terre, etc.). Ils élaborent des jeux de langage et d’écriture, en explorant un champ vierge de l’imaginaire, exaltant la créativité verbale dans une débâcle de l’intellect.

Car Eluard aimait les sentences, les proverbes. Dans une lettre du 19 décembre 1919, citée dans Dada à Paris de M. Sanouillet, Eluard écrivait à Tzara : « Je vais avoir une revue Proverbe qui vous plaira, j’espère […]. Il va s’agir jusqu’à nouvel ordre de montrer que la langue française (et l’expression de la pensée naturellement) n’est plus un instrument littéraire ».

Ainsi le langage a le pouvoir d’agir sur le monde, il se suffit à lui-même, il peut être son moyen et sa propre fin, comme en témoigne aussi Desnos dans ses jeux de mots autour du personnage Rrose Sélavy, inventé par Marcel Duchamp, et qui consiste en contrepèteries, métathèses, calembours :

« Suivrez-vous Rrose Sélavy au pays des nombres décimaux où il n’y a décombres ni maux » ;

« Rrose Sélavy affichera-t-elle longtemps au cadran des astres le cadastre des ans? » ;

« Nos peines sont des peignes de givre dans des cheveux ivres. »

En 1925, avec Benjamin Péret, Eluard publie les 152 Proverbes mis au goût du jour, des énoncés surprenants, qui apparaissent incomplets ou bancals, suscitant une réflexion forcée du lecteur sur le langage ainsi mis en branle. En voici les dix premiers :

Avant le déluge, désarmez les cerveaux.

Une maîtresse en mérite une autre.

Ne brûlez pas les parfums dans les fleurs.

Les éléphants sont contagieux.

Il faut rendre à la paille ce qui appartient à la poutre.

La diction est une seconde punition.

Comme une huître qui a trouvé une perle.

Qui couche avec le pape doit avoir de longs pieds.

Le trottoir mélange les sexes.

A fourneau vert, chameau bleu.

En 1951, Eluard publie aux éditions Seghers une Première anthologie vivante de la poésie du passé (de Philippe de Thaun à Pierre de Ronsard), façon d’honorer une dette envers ses prédécesseurs, depuis le Moyen Age jusqu’au 19e siècle. Le musée conserve des manuscrits, emplis de sa belle écriture fluide, cursive, réfléchie. Comme un cahier d’écolier rempli avec application et déférence pour la chose poétique, un peu sacralisée, loin de l’idée que l’on pourrait se faire du poète révolutionnaire du jeu et de l’amour. Tout au long de sa vie, Eluard recueille donc des citations dont il fait des anthologies : Réflexions et pensées d’Honoré de Balzac, Anthologie des écrits sur l’art (1952), ou encore ce manuscrit conservé au musée où il recopie des poèmes de Picasso.

Dans ses Réflexions et pensées d’Honoré de Balzac, manuscrit préparatoire à l’Éternelle revue numéro 2, créée dans la clandestinité par Paul Eluard, celui-ci écrit que :

« L’amour est écrit sur les murs »

Est-ce l’amour pour Dieu, inscrit par les carmélites sur les murs du couvent de Saint-Denis ?

Le parcours du 16 septembre 2023

Comme certains de mes parcours poétiques, celui-ci peut donner lieu à un poème collectif. Ma méthode : demander à chacun des participants de composer un ou quelques vers, avant de les agencer moi-même. Ici, il fallait s’approprier une sentence et tenter de la détourner, par exemple en remplaçant des mots par d’autres (selon la figure de l’à peu près ou du détournement d’expression), ou bien en inversant l’ordre syntaxique des propositions par l’antimétabole (mourir sans peine, peiner sans mourir), voire en reprenant une formule syntaxique pour lui substituer d’autres mots : “Mourir de ne pas mourir” : “vivre de ne pas vivre, penser de ne pas penser, agir de ne pas agir, pleurer de ne pas pleurer ».

17 participants ont contribué à composer ce poème : Gaïdig, Kosta, Lazlo, Asha, Alexandre, Déborah, Ronan, Yann, Thibault, Isabelle, Ludovic, Alice, Arthur, Fanny, Benjamin, Alban, Ingrid. Pour ce faire, ils s’étaient inspirés de quelques authentiques devises de carmélites, dont voici quelques-unes dans leur forme originale :

Encore un pas
Et puis le ciel

En regardant le terme
j’oublie les fatigues de la route

Celui qui ne pêche pas par sa langue
Est un homme parfait
Jacques, III, 2

Après avoir tout quitté, il faut encore vous quitter vous-même
imitation de Jésus-Christ

L’homme sur la terre est un voyageur qui arrive le soir
a une hôtellerie et qui en part le lendemain

Le plaisir de mourir sans peine
Vaut bien la peine de vivre sans plaisirs

En regardant le terme
j’oublie les fatigues de la route

En enfin, dans la cour qui accueillait notre atelier :

“Mur de la Montée des anges”

Consulter un post Facebook rendant compte de cette journée :
« Le succès de l’atelier poétique »

Poème du mur des anges

Encore un pas et puis le ciel
Toute une vie au bord d’un mur
Souffrir passe et ne passe pas

On passe sa vie à exécuter
J’en veux une autre
Pour créer

Ne reste pas
Tourné vers le passé

Encore le ciel et puis un pas
Toute une vie au bord d’un mur

Tenez-vous unies
De toute éternité
A celui qui arrive le soir dans une hôtellerie
Et qui en repart le lendemain

L’homme sur la terre qui arrive le soir
Est un voyageur

Murmure-moi des mots athées,
Mon ange

Celui qui ne pèche pas par sa bouche
Est un homme frappé

Encore le ciel et puis un pas

Toute une vie au pied du mur

Fumées et vapeurs interdites
(volutes partent en fumée)

Au cœur de mon amour
Les canards dans l’étang sont à l’heure

Souris, passe et puis trépasse
Encore un pas et puis je trace

Toute une vie au pied du mur

La peine de vivre sans plaisir vaut bien
Sans peine
Le plaisir de mourir

Après avoir tout aimé il faut encore
Nous aimer
Nous-mêmes

Encore le ciel et puis un pas

Quoique notre travail nous paraisse sans fruits
N’importe, labourez, arrosez
Quelque chose finira bien par arriver
À pousser

En roulant sur le terme
Je fatigue d’oublier
Ton regard

Des milliers de squelettes
Grouillent sous nos pieds
Et seuls les chats vivent

Toute une vie au bord d’un mur

Celui qui sait lécher
La pêche
Est un homme parfait

La tête contre les murs
Les pieds entre les murs
Les mains qui poussent les murs

Des femmes et des hommes mûrs
Attrapent un rhume

Faites le mur
Pas la guerre

Moralité
Vous serez adulés
ou serez condamnés

Toute une vie au bord d’un mur
Souffrir passe et ne passe pas

Encore un pas et puis le ciel

A l’occasion de la Nuit des musées, le prochain parcours – gratuit – aura lieu samedi 18 mai à 18h30. Une expérience immersive où vous pourrez non seulement découvrir l’œuvre d’Eluard, mais aussi créer votre propre poème en parcourant les différentes salles du musée.

Alors, en serez-vous ?

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Les portes de Paris, fantômes des fortifs

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De Saint-Denis à la Chapelle : la géographie parisienne de Paul Éluard

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Montmartre, le surréalisme et les femmes

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La Seine au fil des neuf ponts du 16e

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Poème : Le Cabaret des faubourgs de barrière

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Voyage au pays des « Illustres » du 7e  arrondissement

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Perec, Paris : l’usage de la ville

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Jean Rolin, profession arpenteur

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Revivez un parcours surréaliste au cœur de Paris

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Une scène de poésie estivale sur la place Louis-Aragon

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La géographie parisienne de Jacques Tardi

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Le siècle des Lumières dans le 6e

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Enquête poétique sur les pas d’André Breton à Pantin

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A la découverte de l’atelier de Man Ray rue Férou

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Une odyssée aérienne dans le 15e arrondissement

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L’avenue Gallieni, une « zone » en mutation à la frontière de Paris

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Le Dilettante, de la Butte-aux-Cailles à l’Odéon

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Passé et avenir du boulevard périphérique

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Balade poétique sur la Montagne Sainte-Geneviève

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Le Tumulte de Paris, un essai d’Éric Hazan

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Parcours poétique et artistique au fil de l’Ourcq

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Exposition : L’invention du surréalisme à la BNF

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Blaise Arnold et Nicolas Pierre, artisans des faubourgs

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Sur les traces de Balzac au cœur de Paris

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Pierre Ménard : « Chaque pas en ville est une écriture »

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L’histoire de la Petite Russie du 15e arrondissement

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Le Paris surréaliste : entretien avec Henri Béhar

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Les musiques africaines à la Goutte d’Or

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Le terrain de Stalingrad, lieu mythique de l’histoire hip-hop

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A la crypte archéologique, Notre-Dame vue par Hugo et Viollet-le-Duc

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Balade-Poème surréaliste aux Buttes-Chaumont

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Le Ménilmontant de Gérard Mordillat

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Rencontre avec Marguerite Stern, initiatrice des collages anti-féminicides

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Le mystérieux masque de l’inconnue de la Seine

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Paris aux cent visages, un livre de Jean-Louis Bory

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Parcours street art à Montmartre avec Codex Urbanus

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Rencontre avec Zloty, le premier street artiste au monde

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La renaissance du Chat noir, journal et cabaret mythique de Montmartre

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Les Brigades Vertes, entre le Sahel et Clichy-la-Garenne

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Interview de Jef Aérosol pour son autoportrait Chuuuttt à Beaubourg

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Rencontre avec Seth Globepainter, pour une œuvre hommage à Zoo Project

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A la découverte du Sentier Nature du 16e arrondissement

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Les Frigos, une histoire de l’art et de l’urbanisme à Paris

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Tentative de description d’une balade situationniste

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Le Pavillon de l’Arsenal imagine l’urbanisme agricole du futur

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La rénovation du musée de Cluny

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La métamorphose du nord-est de Paris, entre projets urbains et friches transitoires

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Que reste-t-il du Château Tremblant, hôtel mythique du canal de l’Ourcq ?

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Ces anciennes gares du 18e reconverties en bars branchés

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La grande randonnée du Parc des Hauteurs

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Rencontre avec le Président de la République de Montmartre

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Le festival Monuments en mouvement fait vibrer le château de Vincennes

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Interview de l’artiste urbain VHILS exposé cet été à Paris

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Qu’est-ce que la psychanalyse urbaine ?

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L’ancienne gare de Vaugirard-Ceinture

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La fresque de Philippe Hérard rue des Couronnes

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Un objet flottant non identifié sur le canal à Pantin

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Le Belleville de Pilote le Hot ou la culture rapide

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Le Gibet de Montfaucon, une mémoire de l’horreur au cœur de Paris

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Sylvanie de Lutèce dévoile les mystères de Paris

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Rencontre avec le conservateur des Beaux Arts de Paris

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Le 6e arrondissement de Philippe Tesson

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Quel est le point le plus haut de Paris : Montmartre ou Télégraphe ?

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Le Bal de la rue Blomet renaît de ses cendres

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L’atelier du 54 rue du Château

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Une photo pittoresque : la gare de tram des Coteaux

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Une photo insolite : une nouvelle place handicapé

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Jean-Louis Celati, le vrai titi parigot

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