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L’avenue Gallieni, une « zone » en mutation à la frontière de Paris

Inaugurée en grande pompe en 1890, l’avenue Gallieni a le charme de ces rues-limites vouées à disparaître, emportant avec elles leur parfum de « zone » faubourienne et industrieuse. Reliant le centre de Bagnolet à la porte de Montreuil, où les puces se sont établies à la fin du 19e siècle, elle réunit des ambiances très différentes, dont le contraste s’accentue aujourd’hui, dans le sillage des travaux de transformation de la porte de Montreuil. Il suffit de s’y promener pour constater qu’elle s’efface chaque jour un peu plus, dans l’état où on l’a connue il a cinq, dix ou vingt ans. Aujourd’hui, le neuf et le clinquant y côtoient l’extrême vétusté, dans une violente confrontation entre grands projets immobiliers et petits dépôts de bilan. Un bâtiment d’envergure remplace les squats, les chichas, les magasins de meubles attenant aux puces. C’est la disparition d’une ambiance que cet article cherche à rendre sensible, en expliquant les raisons de ce changement. Tentative d’inventaire de ce lieu chargé d’histoires, d’existences et de cet indéfinissable arôme des bordures.

Publié le 22 janvier 2022

Un carrefour magnétique

Il y a certaines rues dotées d’un magnétisme singulier, chargées de l’épaisseur des vies passées, qui à la fois attirent l’attention et la repoussent. C’est le cas, il me semble, de l’avenue Gallieni à Bagnolet, en particulier à l’angle qu’elle forme avec l’avenue du Professeur André-Lemierre, adossée au périphérique. Beaucoup de raisons peuvent expliquer la fascination que je porte à cette rue-limite.

D’abord, ce lieu est le point de rencontre entre l’avenue Gallieni, à Bagnolet et l’avenue André-Lemierre, à Paris. Or cette dernière fait partie de ces voies parisiennes que la plupart des gens situent en proche banlieue, parce qu’elles s’étirent discrètement derrière le mur extérieur du périphérique qu’on croit être la limite de Paris. L’avenue Lemierre est donc une voie parisienne extra-muros, dont le tracé, datant de la fin des années 1940, précède de peu le projet de périphérique.

Ensuite, il y a ce pâté de maisons vétustes qui marque la naissance de l’avenue au numéro 164, à peu près à mi-longueur de l’avenue originelle qui aboutissait au niveau de la porte de Montreuil actuelle. Ces baraques, à la fois exposées au flot des voitures empruntant le périphérique et à cette avenue menant des puces au cœur de Bagnolet, semblent une allégorie de ces immeubles de faubourg qu’aime reproduire le miniaturiste Nicolas Pierre, du côté des puces de Saint-Ouen.

Enfin, cette jonction se fait au niveau d’un parking désaffecté où s’entassent encore quelques camionnettes blanches, et qui a longtemps accueilli le marché à la brocante des puces, aujourd’hui déplacé quelques mètres plus haut, dans une allée latérale de l’avenue Gallieni. Ce parking est promis à disparaître pour faire place à un immeuble de bureaux.

L’avenue Gallieni est elle-même un prolongement des puces de Montreuil, qu’elle a de tout temps accueilli. Dès son inauguration en 1890, à l’époque où elle était baptisée avenue du Centenaire, elle incorporait l’actuelle avenue du Général-de-Gaulle, au niveau du centre commercial Gallieni, avant de rejoindre la voie principale de Bagnolet, la rue Sadi-Carnot, où battait le cœur de l’ancien village.

Considérer l’avenue Gallieni, c’est donc plonger dans l’histoire de Bagnolet, cette commune qui fut la plus tardivement urbanisée parmi les 22 villes limitrophes de Paris. Urbanisation tardive qui s’explique par la géologie : elle s’est construite dans une vallée, entre deux collines de gypse qui empêchaient le tracé d’une rue de Paris transversale. Un talweg dont les eaux descendaient le long du château de l’étang, qui abrite aujourd’hui le service patrimoine de la ville, au nord-est, pour se jeter au fond du vallon, nourrissant les jardins du château de Bagnolet, acquis en 1719 par la duchesse d’Orléans, Françoise-Marie de Bourbon. Cette enclave aristocratique rendait difficile le passage de Bagnolet à Paris ou à Montreuil, car il fallait faire un grand détour pour en contourner l’enceinte. Fruit d’une continuité historique et géographique étonnante, elle se retrouve à peu près cantonnée au périmètre de l’échangeur actuel (bien que le pavillon de l’Ermitage, rue de Bagnolet à Paris, en constitue le dernier vestige observable). Ecoutez, le résumé historique de Marc Tavernier, capté lors de la balade du parc des Hauteurs.

 

De même, certains grands ensembles de béton perpétuent l’enclavement d’anciennes propriétés aristocratiques – comme on peut s’en rendre compte en consultant les superpositions de cartes sur le site www.geoportail.fr.

L’avenue du Professeur André-Lemierre accueille le weekend les puces de Montreuil, et alors le terrain est occupé par des biffins qui vendent toutes sortes d’objets de récupération sur un drap étalé au sol, pouvant se refermer en une poignée de secondes lorsque passe la police. Ensuite elle s’incurve très légèrement à la lisière d’un terrain triangulaire, bordant le périph, où sont entreposées quelques estafettes, camionnettes blanches – et les puces s’arrêtent au niveau de l’impasse transversale accueillant le marché à la brocante.

« L’avenue Gallieni, pour nous, c’était la rue des puces où nous allions nous promener le dimanche après-midi, confie Anido Mirolo, 92 ans, qui a grandi et vit toujours à Bagnolet. Nous y trouvions de tout, de la ferraille aux vêtements, meubles, tapis, électroménager, montres, etc. Du métro Gallieni qui n’existait pas encore, elle nous menait à la porte de Montreuil ou les étals faisaient le tour de la place. Les gens venaient de tout Bagnolet, et bien sûr de Paris ».

En somme, ce carrefour, au premier coup d’œil anodin, marque la limite entre deux communes : Paris et Bagnolet, et deux ambiances : le passé des chiffonniers et l’avenir de la ville écoresponsable – lors même que l’activité de ces chiffonniers-ferrailleurs concrétise une idée en vogue de recyclage et de préservation de l’environnement, comme le rappelle le responsable de l’association Amelior.

Métamorphose de la zone

Rares sont les rues où se confrontent aussi violemment l’ancien et le contemporain, le clinquant et le poussiéreux, le high tech et le traditionnel, créant une vibration singulière dont l’extinction est presque consommée. Cette atmosphère tient à un subtil mélange de commerces, de populations, d’ambiances très distinctes, et parfois opposées. Témoin, il y a encore trois ans, la proximité entre un squat artistique du Wonder et deux bars à chicha bondés le week-end (le 142 et le Zeralda), les grands entrepôts de bois (dont une gigantesque usine de palettes) et les petits troquets…

Les kebabs et les entrepôts sont aujourd’hui dominés par un gigantesque chantier de construction : celui où se dressait l’ancienne tour Liebert, squattée de 2016 à 2019 par le collectif Wonder, du nom de l’usine de piles qu’ils occupaient auparavant à Saint-Ouen. Ce collectif avait lui-même remplacé un précédent squat hébergeant des sans-papiers maliens expulsés par la police, comme le notait le site Paris Luttes info dans un article à charge contre ceux qu’il considère comme des artistes bobos apolitiques. On y découvrait des happenings, expositions de machines et costumes de théâtre, réalisés par les artistes en résidence.

En face de feu la tour Liebert, le Club 142 était souvent plein à craquer le samedi soir – à 4h du matin, c’était l’embouteillage, trois ou quatre voitures arrêtées en double file bloquant toute l’avenue. A la place, chaque jour se bâtit un peu plus solidement cette grande résidence de standing miroitante, également visible du périphérique et des stades constituant ce résidu de la trame verte, côté Paris : le Wonder Building, qui a conservé le nom du collectif parti refaire sa vie rue Médéric à Clichy, après être passé par Nanterre.

Histoire et géographie de Bagnolet

Une carte de la fin du 18e siècle montre que l’avenue Gallieni, aménagée en 1890, occupe une partie de la propriété de l’ancien château de Bagnolet, une enclave est aujourd’hui grosso modo occupée par l’échangeur. On découvre, sur le plan des Coutures de 1900, qu’elle suit le tracé du « chemin de grande communication n°38 de Bagnolet à Charenton », permettant toujours aux Bagnoletais de rejoindre le sud de Paris ou la porte de Montreuil en évitant l’échangeur.

Comme l’indique le plan local d’urbanisme de Bagnolet, « L’avenue Gallieni, première rue traversant le parc de l’ancien château, prolonge la rue Sadi-Carnot vers la porte de Montreuil, dessinant ce qui est aujourd’hui l’axe majeur de Bagnolet ». D’abord appelée avenue du Centenaire lors de son ouverture en 1890, en hommage à la Fête de la Fédération, elle prend ensuite le nom de Joseph Gallieni (1849-1916), un militaire et administrateur colonial français dont le nom est d’abord orthographié Galliéni, bien que les papiers officiels ne fassent aucune mention de cet accent aigu.

En 1912-1913 sont créées l’avenue Gambetta et l’avenue de la République, qui convergent vers la Porte de Bagnolet. Ce sont les premières voies pénétrantes qui relient la capitale à Montreuil et Romainville, via Bagnolet. Auparavant, Bagnolet faisait partie de ces rares villes dépourvues d’une authentique rue de Paris, bien que les cartes d’il y a un siècle portent la marque d’une rue de Paris embryonnaire, longue d’un kilomètre, qui tournait vers le nord pour s’arrêter à la place de la mairie. La partie reliant la porte de Bagnolet au centre ville a été ensevelie sous la dalle de la Poste, mais on peut se faire une idée du dernier tronçon car celui-ci correspond à la rue Paul-Vaillant-Couturier actuelle. De toute façon, il n’était pas possible d’aller tout droit, la route ne pouvant surmonter la colline aujourd’hui occupée par le résidentiel quartier des Fleurs et le parc des Guilands, où se trouvaient alors d’impressionnantes carrières de gypse, ou « pierre à plâtre ».

Selon le PLU, le tracé des grands axes « favorise l’implantation de grandes entreprises industrielles et artisanales, notamment sur les grandes parcelles du parc de l’ancien château, desservies par l’avenue Gallieni puis par l’avenue de la République ». C’est ainsi que s’installent progressivement les entreprises et les usines, comme aujourd’hui le CFPTS baptisé la Filière, centre de formation continue pour les techniciens du spectacle – ce bâtiment en longueur et en profondeur qui croise l’avenue de la République où donnent les fenêtres de ses ateliers. Au départ, en 1890, c’était une usine de séchage de bois, puis la fabrique de meubles Colette dont une carte postale d’époque vante la qualité d’« usine électrique », bien que celle-ci produisît du bois – sans doute parce que les machines-outils en étaient électriques, et non manuelles.

Au long de l’avenue Gallieni

Au fil de la voie se dévoilent une série d’entrepôts, boutiques, dépôts-ventes de meubles dont certains sont « définitivement fermés », selon l’expression de Google Maps. En voici quelques-uns :

– A l’angle avec l’avenue de la République, au 92 avenue Gallieni, le CFPTS, appelé aussi La Filière, est un centre de formation aux métiers du spectacle centre de formation qui occupe l’ancienne usine des Établissement Colette Frères.

– Le bâtiment mitoyen, au 96-100 avenue Gallieni, à l’enseigne des Fils de J. George, est toujours en place depuis quatre générations. Cette entreprise, créée en 1920, est spécialisée dans la production de bois de placage les plus rares et les plus précieux (voir l’entretien vidéo de Frédéric George).

– La Chaudronnerie Blandin et Gagnepain occupe le 102 avenue Gallieni (aujourd’hui, c’est l’enseigne AB Meubles, qui écoule des parures de chambres et montures de lits siglés de logos Chanel, et semble sur le point de fermer).

– Au 97 avenue Gallieni se trouve le Dépôt de bois Cyr Pascoli.

– A côté, au 109 avenue Gallieni, c’est l’usine de palettes MSM Emballages.

– Le projet immobilier baptisé Wonder Building, au 124 avenue Gallieni, est toujours en chantier. Le 22 octobre 2019, je filmais dans une courte vidéo Instagram l’ancienne tour avant démolition. Après l’expulsion des sans-papiers en 2016, ce bâtiment avait été racheté par le groupe immobilier Novancia, versé dans l’urbanisme transitoire, pour en faire le Wonder Building. « A 5 minutes à pied de la porte de Bagnolet, comme une œuvre d’art, le long du boulevard périphérique, le Wonder Building reflète le renouveau de l’est parisien. Inspirant, aérien, lumineux, ce nouveau lieu iconique en structure bois marque son quartier », lit-on sur le site de Novaxia.

– Le Zeralda Club, 125 avenue Gallieni, face au bien nommé 142, son concurrent, s’animait la nuit et le weekend avec des soirées DJ, à l’image de tous les clubs dansants / bars à chicha.

– L’atelier de chaudronnerie-tuyauterie Blandin et Gagnepain est au 102 avenue Gallieni.

On découvre au fil de l’avenue d’autres entrepôts, dépôts de meubles, magasins de literies, un réparateur de machine à laver, des restaurants, des kebabs et bien sûr des troquets à l’ancienne… Ensuite, l’avenue André-Lemierre présente une physionomie de « délaissés urbains » et de terrains vagues en mutation, avec cet ancien square érigé de préfabriqués qui laissera bientôt place à une station Vélib’, ou cet immense vide jouxtant l’hôtel Novotel en travaux, un peu avant le building quadrillé du centre commercial La Grande Porte.

Reinventing Cities

Aujourd’hui, l’avenue Gallieni se métamorphose à toute vitesse, transformée en son centre par un chantier ultra moderne bloquant certains jours la voie de part en part, en face d’une usine de palettes dont la porte-cochère est surmontée d’un plafond troué. Cette disparition annoncée se produit dans le sillage du projet de transformation de la porte de Montreuil en « place métropolitaine » végétalisée, dont la ville de Paris est maître d’ouvrage avec le concours du groupe immobilier Nexity, lauréat du concours international Reinventing Cities. L’ancienne ceinture de Paris, peu à peu, cède ses parcelles au foncier. Les travaux  viennent de commencer et devraient être achevés en 2027.

« La Ville de Paris a confié la conception de la place à l’agence TVK, notamment accompagnée de Setec TPI (BET mandataire) et OLM (paysagiste), avec l’ambition de créer un « trait d’union » apaisé entre la capitale et sa proche banlieue », explique Le Moniteur, en ajoutant que « l’essentiel de la partie bâtie a été conçu dans le cadre du concours international Reinventing Cities remporté en 2019 par le groupement The Collective for Climate associant Nexity, Aire nouvelle, filiale immobilière d’Engie, et Crédit agricole Immobilier ». Un projet de transformation urbaine ignorant les biffins, leur usage de la ville et leur rôle dans l’économie locale.

Selon le site de la ville de Paris, « les puces vont devenir un marché couvert moderne et vivant, ouvert sur l’espace public par de grandes portes en bois. Celui-ci s’installera dans une halle aux volumes généreux. Avec 8,50 mètres de hauteur, de larges portes en bois et des piles en pierre, cet espace pensé avant tout pour les puciers proposera un espace divisé en 3 parties : deux larges halles séparées par une place végétalisée. » Le président du syndicat du marché aux puces de Montreuil, Djamel Zidani, redoute que Nexity ne tienne pas ses engagements : « On est actuellement 250 puciers abonnés et 140 volants. A l’origine, on nous avait parlé de 356 emplacements, avant de nous dire que ça ne serait plus possible. Aujourd’hui, on avance sur le sujet », confie-t-il à francetvinfo.fr

L’échangeur autoroutier

Si l’on suit l’avenue Gallieni vers le nord, on aboutira à l’échangeur de Bagnolet, gigantesque ouvrage conçu par Serge Lana en « dalles de béton précontraintes » auquel Antoine Viger-Kohler, le cofondateur de l’agence TVK, rend hommage dans un article dithyrambique. TVK, cette même agence qui a été choisie par la Ville de Paris pour transformer la place de la porte de Montreuil avec Nexity, afin d’en faire une « place du Grand Paris ». « Malgré son envergure, ce quartier récent ne constitue pas une rupture dans le tissu ancien de Bagnolet », explique l’architecte. « Le plus étonnant est la quantité de lumière qui parvient jusqu’au cœur de l’échangeur. Malgré la largeur des voies, le passage sous l’ouvrage de béton ne constitue pas une expérience traumatisante pour le piéton. »

Si l’échangeur est construit entre 1966 et 1969 pour nouer le périphérique avec l’autoroute A3, il faudra attendre 1988 pour que vienne s’y loger en son cœur un centre commercial, après que furent envisagés une patinoire, un vélodrome ou une salle de rock (à l’occasion d’un concours lancé par François Mitterrand, qui donnera lieu ailleurs au Palais Omnisports de Paris Bercy). Imaginez une seconde si le palais omnisports avait remplacé le centre commercial de Gallieni ! Finalement, l’architecte Serge Lana revient y aménager le bâtiment du centre commercial, avec une « apparente simplicité » qui «  anticipe ce que Koolhaas théorisera plus tard dans son célèbre Bigness », selon Viger-Kohler. A la façon d’une gare ferroviaire, le centre commercial et son parking assureraient l’interface entre la ville existante et le réseau de transport rapide.

Lorsque l’échangeur de Bagnolet est bâti, l’avenue Gallieni est élargie de 12 à 28 mètres, dans la portion aujourd’hui appelée avenue du général de Gaulle, le long de laquelle on trouve le théâtre L’échangeur puis une série d’immeubles tout juste sortis de terre, serrés les uns contre les autres, au niveau de cette passerelle qui reliait jadis les magasins Darty et la Serap.

Aujourd’hui, à l’issue d’une consultation citoyenne, les élus locaux semblent s’être mis d’accord pour recouvrir, voire pour enterrer l’échangeur, mais ce projet semble à certains illusoire. Faut-il détruire pour reconstruire ? Est-il raisonnable ou facile d’enterrer des passerelles et des ponts ? La priorité doit-elle être donnée à un projet pharaonique quand les budgets manquent ? N’est-il pas préférable, au contraire, d’abandonner progressivement telle ou telle bretelle, en modifiant l’usage de la population ? C’est en quelques questions le point de vue de l’urbaniste Paul Lecroart, interviewé dans un notre dossier sur le périphérique.

L’ancienne ceinture verte

L’observateur attentif qui arpente l’avenue André-Lemierre ne manque pas de noter une petite passerelle au-dessus du périphérique qui pénètre intra muros par les terrains de tennis du stade Louis-Lumière. Voilà l’une de ces portes et voies d’accès méconnues pour entrer dans Paris. Cette passerelle porte un nom : la rue Lucien-Lambeau, du nom d’un ancien historien de la capitale.

L’enfilade de terrains de sports (tennis, football, beach-volley, etc.) qui se dévoile de l’autre côté du périphérique est un vestige de cette utopique Ceinture verte envisagée dès l’ère haussmannienne et entamée au début du 20e siècle. En 1909, un projet d’aménagement des fortifs avait même envisagé de créer un « parc de Bagnolet » où se seraient étirés des lacs semés d’îles, incluant des bassins d’hydrothérapie, des jeux athlétiques, et même un « Palais des enfants » avec une exposition permanente de jouets. Aujourd’hui, derrière le stade de la porte de Bagnolet et le stade Louis-Lumière, les rues Python et Duvernois sont bordées de barres d’immeubles en mauvais état. Dans cette « ZAC Python Duvernois » qui fait l’objet d’un programme de réhabilitation, deux barres adjacentes au périph ont déjà été détruites.

En pénétrant dans Paris par l’avenue de la République au bord de l’échangeur ou par cette passerelle Lucien Lambeau, apparaît, dérobé au regard, un autre vestige de la zone adossé au mur intérieur du périphérique. Du terrain de beach Volley adjacent au stade Lumière, on distingue l’arrière du bâtiment Wonder entouré de grues.

La zone, les bidonvilles

En 1840, le président du Conseil Adolphe Thiers approuve la construction d’une ceinture de fortifications (1841-1844) auxquelles quelques députés comme Lamartine et Arago s’étaient opposés à l’Assemblée nationale. Elles étaient censées prévenir une invasion ennemie qu’elles n’empêcheront pas, ni pendant la guerre franco-prussienne de 1870, ni au cours de la Première Guerre mondiale qui montrera leur obsolescence. (A l’époque où Paris construit cette enceinte, d’autres capitales européennes comme Vienne abattent les leurs pour aménager de larges boulevards de circulation).

A la fin du 19e siècle, des bidonvilles se construisent le long de cette servitude non ædificandi à 250 mètres à l’extérieur du mur, lieu de promenade des « zonards » ou « zoniers ». C’est à cette zone que correspond grosso modo, l’emplacement de l’avenue Gallieni. A consulter les photos anciennes des environs, il semble que ces bidonvilles s’étaient constitués derrière la porte de Montreuil, davantage que derrière la porte de Bagnolet.

C’est aussi aux abords des fortifs que s’établissent les chiffonniers, interdits de vendre par les ordonnances du préfet Eugène Poubelle qui impose en 1883 le ramassage des ordures dans des conteneurs à couvercle fermé. De tout temps, les biffins, chassés du centre, avaient été contraints de vendre aux lisières. Par ailleurs, à Bagnolet et à Montreuil, les cabanes de maraîchers s’établissent sur les contreforts des carrières, au niveau du parc des Guilands. Petit à petit, elles se sont sédentarisées et agrandies, et on peut en avoir une vue approximative en empruntant de nos jours les sentier des Guilands ou celui des ravins.

Parmi les habitants des ces cabanes de fortune, on comptait beaucoup d’Italiens arrivés entre deux guerres à Montreuil et Bagnolet, puis, durant la Seconde guerre mondiale, des tsiganes Kalderash. « Au fur et à mesure de la destruction des fortifications, qui s’achève au début des années 1930, ces habitants se déplacent vers les communes avoisinantes, lit-on sur le site Odysseo. Après l’arrivée des troupes allemandes en 1940, Montreuil devient aussi un refuge pour les groupes tsiganes qui vivent encore à Paris et nombre d’entre eux s’installent massivement à Montreuil, en particulier sur les contreforts de l’ancienne carrière des Guilands. »

 Entretien avec Samuel Le Coeur,

directeur de l’association AMELIOR qui fédère les collecteurs, biffins et ferrailleurs d’Île-de-France

Les photos illustrant l’entretien ont été prises aux puces de Montreuil entre 2005 et 2008 par Samuel Le Coeur

Que représente pour vous l’avenue Gallieni ?

C’est un prolongement du marché aux puces, puisque celui-ci commence à la pointe du rond-point de la porte de Montreuil, qu’il longe l’avenue André-Lemierre et se prolonge plus haut à Bagnolet, avec le marché de la brocante. Avant, il y avait des ferrailleurs sur le terrain adjacent à la naissance de l’avenue Gallieni, le long du périph, avec des marchands de sommiers, des stands de réparation, pleins d’objets d’occasion. Maintenant l’espace public s’est restreint et a été vendu dans le cadre du projet Reinventing Cities, un projet international de rénovation pour réinvestir des espaces urbains délaissés. Du coup, on ne connaît pas encore la formule qui va être proposée [sans doute une halle couverte sur deux étages], mais il devrait y avoir 250 places pour les vendeurs. Sauf qu’il s’agit à 99 % des vendeurs de neuf avec seulement trois brocanteurs, alors qu’il devrait y avoir 150 brocanteurs sur 400 places. Les « puciers » qui fédèrent les commerçants de puces ont obtenu, je crois, 240 places. Du coup, il y a une sorte de disparition du marché aux puces à marche forcée.

« L’avenue Gallieni est un prolongement du marché aux puces »

« Avec les ordonnances du préfet Poubelle, les recycleurs chiffonniers ont été chassés de Paris. »

Comment sont nées les puces de Montreuil ? Quelle est la situation actuelle ?

Ce sont les biffins et les chiffonniers recycleurs du centre ville qui les ont inventées vers 1880, en allant vendre spontanément tout autour des fortifications, dans cette zone inconstructible à l’extérieur de Paris. L’emplacement actuel des puces a été officialisé à la porte de Montreuil dans les années 1960 avec l’arrivée du périphérique, mais en 2023 il aura changé de place. De fait, les biffins sont exclus du marché. Après la disparition des chiffonniers par les ordonnances du préfet Poubelle, avec la municipalisation et les investissements en incinération, les recycleurs chiffonniers ont disparu de Paris. Dès lors, il ne reste que les ferrailleurs indépendants, les biffins qui récupèrent dans les poubelles des tonnes de choses. Aujourd’hui nous sommes inquiets, car sans espace public dédié, ces biffins et brocanteurs n’ont plus accès à la vente. Ils peuvent récupérer des choses à Paris ou ailleurs, dans les encombrants, les rues, les poubelles, mais ils devraient aussi pouvoir les vendre.

« Avec les ordonnances du préfet Poubelle, les recycleurs chiffonniers ont été chassés de Paris. »

Peut-on dénombrer les biffins de Paris et des environs ?

Il y a entre 3000 et 5000 biffins et ferrailleurs en Île-de-France qui vendent dans la rue sans autorisation, à la sauvette, criminalisés par la loi LOPPSI 2 sur la sécurité intérieure votée sous Nicolas Sarkozy. Cette loi est utilisée par les maires PS depuis sa promulgation en 2011 pour financer des bennes privées accompagnant les services de police qui détruisent la marchandise des biffins sans inventaire de saisie, afin de l’incinérer. Les biffins n’ayant pas d’espace autorisé, ils sont confinés dans la vente à la sauvette malgré nos demandes régulières d’organiser des marchés. Il y a beaucoup de chômeurs, de retraités, d’handicapés, de sans domicile fixe, de précaires qui vendent et qui achètent. Hélas, aucune politique publique n’est menée en faveur de la création de nouveaux marchés aux puces et ceux qui existent sont en train de disparaître de Paris. Il y a 80 ans, on dénombrait huit marchés aux puces à Paris, plus que 5 ou 6 il y a 30 ou 40 ans, et aujourd’hui il n’en existe plus que trois : porte de Saint-Ouen, porte de Vanves et porte de Montreuil, et il y en a à la sauvette à droite ou à gauche. Mais pas de soutien, de reconnaissance ou d’organisation.

« Il y a 80 ans, on dénombrait huit marchés aux puces à Paris, plus que cinq ou six il y a 30 ou 40 ans, et aujourd’hui il n’en existe plus que trois »

« Depuis 8 ans, nous organisons des marchés bimensuels à Montreuil, avec 200 vendeurs et des milliers d’acheteurs. Cela occasionne 6 tonnes de vente de réemploi par jour. »

C’est d’ailleurs la mission de l’association Amelior que vous avez créée…

Oui, Amelior est une association fondée en 2012 pour défendre le droit à la biffe, c’est-à-dire le droit de vendre sa récupération dans des conditions sécurisées et respectueuses. Notre mission ? Organiser des marchés autogérés et propres (nous nettoyons à la fin), fédérer des travailleurs biffins et défendre des lieux accessibles à la vente d’objets de la recup’ (nous n’acceptons pas le neuf). Ainsi, depuis 8 ans, nous organisons au marché de la Croix-de-Chavaux à Montreuil des marchés bimensuels où 200 vendeurs viennent vendre à des milliers d’acheteurs. Cela occasionne 6 tonnes de vente de réemploi par jour. L’association et les glaneurs récupèrent 2 à 3 tonnes en fin de marché, et 1 tonne qu’on amène à la déchetterie intercommunale. D’après nous, 40 000 euros sont vendus par les biffins, des biens d’occasion issus à 70 % de la collecte des poubelles (20 tonnes sont présentées à la vente) et 40 000 euros d’objets revendus par les brocanteurs chineurs, revendeurs, soit 80 000 euros par jour générés par l’économie de réemploi. Cette action de collecte, pour être équitable, devrait être plus soutenue, dans la mesure où elle contribue aux objectifs européens de réduction des « déchets ».
Nous travaillons tous les jours avec huit salariés à temps plein et des camions pour collecter chez les habitants d’Île-de-France, associations et entreprises. Il est aussi possible de déposer de la marchandise à notre ressourcerie-recyclerie située 45 rue de Paris à Bobigny, ouverte du lundi au samedi de 9h à 17h. On trie des métaux, du chiffon, du textile, des appareils électriques, du papier, on démantèle et on recycle. On fait du réemploi, du recyclage. Environ 1000 tonnes ont été collectées et recyclées en 2021. La biffe est une économie populaire à l’origine du développement des villes et des industries du recyclage. En ce temps de crise (celle du papier, par exemple), nos métiers sont particulièrement utiles. De même que le paysan prend soin de la terre, le recycleur urbain prend soin des matières. Il assure la propreté ainsi que le développement économique et écologique des matières premières secondaires.

« Depuis 8 ans, nous organisons des marchés bimensuels à Montreuil, avec 200 vendeurs et des milliers d’acheteurs. Cela occasionne 6 tonnes de vente de réemploi par jour. »

Qu’attendez-vous des municipalités ?

S’il y avait un minimum d’accès au dialogue social, les villes comme Paris arrêteraient d’envoyer la police pour détruire la marchandise des biffins. On espère que Paris, Montreuil et Bagnolet cesseront de dépenser de l’argent public pour exclure les biffins et choisiront d’aménager des marchés créant un bénéfice direct et indirect pour la population et les collectivités. On espère qu’il y aura des investissements de transition pour que l’incinération soit remplacée par des collectes sélectives de réemploi, pour que les collectes des multinationales deviennent des collectes municipales ou associatives, que le tri permette d’embaucher du monde dans les quartiers populaires… Cela favoriserait à la fois l’écologie et l’économie.

« S’il y avait un minimum d’accès au dialogue social, les villes comme Paris arrêteraient d’envoyer la police pour détruire la marchandise des biffins. »

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Enquête poétique sur les pas d’André Breton à Pantin

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A la découverte de l’atelier de Man Ray rue Férou

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Une odyssée aérienne dans le 15e arrondissement

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L’avenue Gallieni, une « zone » en mutation à la frontière de Paris

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Le Dilettante, de la Butte-aux-Cailles à l’Odéon

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Passé et avenir du boulevard périphérique

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Balade poétique sur la Montagne Sainte-Geneviève

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Le Tumulte de Paris, un essai d’Éric Hazan

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Parcours poétique et artistique au fil de l’Ourcq

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Exposition : L’invention du surréalisme à la BNF

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Blaise Arnold et Nicolas Pierre, artisans des faubourgs

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Sur les traces de Balzac au cœur de Paris

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Pierre Ménard : « Chaque pas en ville est une écriture »

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L’histoire de la Petite Russie du 15e arrondissement

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Le Paris surréaliste : entretien avec Henri Béhar

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Les musiques africaines à la Goutte d’Or

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Le terrain de Stalingrad, lieu mythique de l’histoire hip-hop

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A la crypte archéologique, Notre-Dame vue par Hugo et Viollet-le-Duc

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Balade-Poème surréaliste aux Buttes-Chaumont

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Le Ménilmontant de Gérard Mordillat

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Rencontre avec Marguerite Stern, initiatrice des collages anti-féminicides

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Le mystérieux masque de l’inconnue de la Seine

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Paris aux cent visages, un livre de Jean-Louis Bory

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Parcours street art à Montmartre avec Codex Urbanus

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Rencontre avec Zloty, le premier street artiste au monde

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La renaissance du Chat noir, journal et cabaret mythique de Montmartre

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Les Brigades Vertes, entre le Sahel et Clichy-la-Garenne

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Interview de Jef Aérosol pour son autoportrait Chuuuttt à Beaubourg

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Rencontre avec Seth Globepainter, pour une œuvre hommage à Zoo Project

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A la découverte du Sentier Nature du 16e arrondissement

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Les Frigos, une histoire de l’art et de l’urbanisme à Paris

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Tentative de description d’une balade situationniste

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Le Pavillon de l’Arsenal imagine l’urbanisme agricole du futur

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La rénovation du musée de Cluny

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La métamorphose du nord-est de Paris, entre projets urbains et friches transitoires

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Que reste-t-il du Château Tremblant, hôtel mythique du canal de l’Ourcq ?

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Ces anciennes gares du 18e reconverties en bars branchés

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La grande randonnée du Parc des Hauteurs

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Rencontre avec le Président de la République de Montmartre

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Le festival Monuments en mouvement fait vibrer le château de Vincennes

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Interview de l’artiste urbain VHILS exposé cet été à Paris

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Qu’est-ce que la psychanalyse urbaine ?

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L’ancienne gare de Vaugirard-Ceinture

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La fresque de Philippe Hérard rue des Couronnes

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Un objet flottant non identifié sur le canal à Pantin

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Le Belleville de Pilote le Hot ou la culture rapide

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Le Gibet de Montfaucon, une mémoire de l’horreur au cœur de Paris

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Sylvanie de Lutèce dévoile les mystères de Paris

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Rencontre avec le conservateur des Beaux Arts de Paris

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Le 6e arrondissement de Philippe Tesson

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Quel est le point le plus haut de Paris : Montmartre ou Télégraphe ?

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Le Bal de la rue Blomet renaît de ses cendres

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L’atelier du 54 rue du Château

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Une photo pittoresque : la gare de tram des Coteaux

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Une photo insolite : une nouvelle place handicapé

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Jean-Louis Celati, le vrai titi parigot

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