La fontaine de Paradis et l’hôtel de Soubise
A un angle de l’hôtel de Soubise qui accueille le musée des Archives nationales, l’ancienne fontaine de Paradis attire le regard.
Si le Marais fut jadis, comme son nom l’indique, un espace marécageux, les grands personnages de la noblesse parisienne y ont fait bâtir leurs hôtels particuliers aux 16e et 17e siècles. En complément de ces édifices majestueux qui abritent aujourd’hui des musées, le Marais regorge de fontaines, ces ornements publics intégrés aux hôtels particuliers.
Au croisement de la rue des Archives et de la rue des Francs-Bourgeois, l’angle de l’hôtel de Soubise, site des Archives nationales depuis 1808, se signale par la « fontaine de Paradis », créée en 1635 et jadis nourrie par les sources de Belleville. En 1705, le prince de Soubise y aménage un regard en demi-lune, alimenté par les eaux de la pompe Notre-Dame et par celles de Chaillot.
Le fronton de la fontaine rappelle celui qui a été plaqué sur la façade de l’hôtel de Soubise, dans la cour des Archives, avec son grand péristyle rectangulaire scandé de colonnes. Depuis une période indéterminée, la fontaine n’a plus d’eau, mais une porte mène à la boutique des Archives, dans l’encadrement de laquelle une affiche indique une exposition consacrée à Louis XVI, Marie Antoinette et la Révolution.
Si la topographie est identique sur les deux photos, à plus d’un siècle d’intervalle, un certain nombre de détails marquent le changement d’époque : charrette à bras, couvre-chef obligatoires, robes bouffantes. Comme les habitudes ne changent pas, la devanture du café, resté à la même place, vante aujourd’hui les mérites d’une bière bien française, la 1664, au lieu la bière Karcher, du nom d’une brasserie parisienne fondée en 1891.
A gauche de l’image, dans la rue des Archives, on distingue toujours les deux tourelles d’angle en encorbellement de l’hôtel de Clisson, ensuite intégrées à l’hôtel de Soubise. Une plaque mentionne la mémoire d’Olivier de Clisson, Connétable de France qui fit construire en 1371 son hôtel à l’extérieur des remparts de Philippe Auguste, avec sa porte en ogive aux armoiries bleu et or. C’est le seul vestige encore visible de l’architecture privée du 14e siècle à Paris.
0 commentaires